Mille Vies. Récits depuis la prison

 

Collectif, Mille Vies. Récits depuis la prison, Ici-bas, Toulouse, 2024, 300 pages, 23 euros.
« J’étais toute petite quand j’ai voyagé en pensée jusqu’à ce lieu (…) où, d’après ce qu’on raconte, il n’y a que des gens méchants. » L’artiste mexicaine Tania Bohórquez, victime dans son enfance d’agressions incestueuses, a voulu confronter ceux qui ont exercé la violence à un rituel cathartique célébré dans la cour d’une prison. Quatre-vingt-deux détenus, hommes et femmes, ont ainsi choisi de raviver leurs histoires. Il y a du réalisme magique dans ce récit à la fois fragmenté et choral : des produits illicites, des fantômes, des lions et des rats cohabitent avec les humains ; la routine carcérale forge de curieuses sociabilités ; des gangs gouvernent la taule ; l’État lance ses troupes pour reprendre la main. 
Ce livre, illustré par les gravures des détenus, fabriquées dans l’atelier Gráficas Siqueiros et s’inspirant de photographies d’Antoine d’Agata, a été traduit et adapté par Bruno Le Dantec. « Je vais me réveiller et ne plus fermer les yeux pour jouir de la vie qu’il me reste. Mourir les yeux ouverts pour, une fois mort, regarder encore un peu la vie. »

Christophe Goby
Le Monde-Diplomatique  - Octobre 2025

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