| Près de 300 bébés par mois sont nés avec un poids dangereusement faible au premier semestre 2025.© Middle East Images/ABACA |
Le génocide commis par Israël dans la bande de Gaza ampute le peuple palestinien de son avenir. Le nombre de bébés décédés le jour de leur naissance dans l’enclave palestinienne a augmenté de 75 %, alerte le Fonds des Nations unies (Unicef).
Alors que le total était de 27 par mois en 2022, il est passé à 47 par mois entre juillet et septembre 2025, a annoncé l’organisme onusien, lors d’une conférence de presse tenue mardi 9 décembre. « Au moins 165 enfants seraient morts de souffrances évitables liées à la malnutrition durant la guerre, résume Tess Ingram, responsable de la communication de l’Unicef. Ce qui est bien moins documenté, c’est l’ampleur de la malnutrition parmi les femmes enceintes et allaitantes, et l’effet domino dévastateur qu’elle entraîne pour des milliers de nouveau-nés. »
Une moyenne de 460 bébés par mois
Une chaîne mortelle s’est ainsi imposée aux Palestiniens, constamment bombardés et maintenus dans un état de famine par Tel-Aviv. « Des mères souffrant de malnutrition donnent naissance à des bébés prématurés ou présentant une insuffisance pondérale, qui meurent dans les unités de soins intensifs néonatals de Gaza, ou survivent mais sont ensuite confrontés eux-mêmes à la malnutrition ou des complications médicales potentiellement durables », résume l’Unicef.
Environ 250 bébés naissaient, en 2022, avec un faible poids de naissance – moins de 2,5 kilogrammes. Au premier semestre 2025, malgré un nombre de naissances plus bas, ce sont près de 300 bébés par mois qui sont nés avec cet état de santé fragile. Au cours des trois mois précédant le cessez-le-feu, de juillet à septembre, ce chiffre a grimpé à une moyenne de 460 bébés par mois, soit quinze par jour.
Les nourrissons de faible poids à la naissance ont vingt fois plus de risques de mourir que ceux dont le poids est considéré comme normal. « Dans les hôpitaux de Gaza, j’ai rencontré plusieurs nouveau-nés pesant moins d’un kilogramme, leurs petites poitrines se soulevaient avec difficulté pour rester en vie, appuie Tess Ingram, qui s’est déplacée plusieurs fois à Gaza en deux ans. Aucun enfant ne devrait être marqué par la guerre avant même son premier souffle. »
Cette catastrophe sanitaire ne peut être résolue en l’état. Victimes, comme le reste de l’enclave palestinienne, du blocus et des bombardements imposés par Israël, les hôpitaux de Gaza peinent à fournir l’aide nécessaire. L’Unicef en profite ainsi pour rappeler que Tel-Aviv a délibérément maintenu la « destruction du système de santé », a imposé « la mort ou le déplacement » au personnel hospitalier et « des entraves (…) qui ont empêché l’entrée de certains matériels médicaux essentiels ».
« Le faible poids de naissance est généralement dû à une mauvaise nutrition maternelle, à un stress maternel accru et à un accès limité aux soins prénataux », rappelle Tess Ingram. Ces trois facteurs sont réunis dans la bande de Gaza. Entre juillet et septembre 2025, environ 38 % des femmes enceintes dépistées par l’Unicef ont été diagnostiquées comme souffrant de malnutrition aiguë.
Pour le seul mois d’octobre, 8 300 femmes enceintes et allaitantes ont été admises – soit environ 270 par jour – « dans un endroit où aucun signe notable de malnutrition n’était observé dans ce groupe avant octobre 2023 », annonce l’Unicef. Cette nouvelle alerte, combinée aux précédentes, rappelle que les impacts générationnels du génocide commencent à peine à se manifester.
Tom Demars-Granja
L'Humanité du 11 décembre 25
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