Au Royaume-Uni, 24 membres de Palestine Action en grève de la faim depuis 48 jours face à l’intransigeance du gouvernement

 

24 personnes sont en grève de la faim pour exiger leur libération après avoir été arrêtées en marge d’une action contre un site de l’entreprise d’armement israélienne Elbit à Filton, près de Bristol.© Paul MATTSSON/REPORT DIGITAL-REA
Au Royaume-Uni, 24 personnes sont détenues depuis un an après une action contre un site de l’entreprise d’armement israélienne Elbit à Filton, près de Bristol. En grève de la faim depuis 48 jours, ils demandent leur libération. Le gouvernement britannique ne veut rien entendre.
Depuis début novembre, huit militants britanniques pro-palestiniens mènent une grève de la faim dans les prisons où ils se trouvent en Grande-Bretagne. Deux d’entre eux en sont à leur 48e jour de protestation et un autre au 47e. Les avocats représentant ces membres de Palestine Action ont fait savoir que ceux-ci risquent de mourir sans l’intervention de David Lammy, le ministre de la Justice, qui refuse jusqu’à présent de les rencontrer.
Les nouvelles qui nous parviennent sont alarmantes. Leur santé se dégrade très rapidement. Plusieurs sources font déjà état de cas de mauvais traitements, comme celui de Qesser Zuhrah, laissée au sol dans sa cellule avec des douleurs thoraciques sans qu’aucune ambulance ne soit appelée avant plusieurs heures. Selon les avocats, Amy Gardiner-Gibson, également détenue à la prison de Bronzefield, qui ne se nourrit plus depuis quarante-huit jours, est épuisée. Les résultats d’analyse sanguine montrent une diminution des globules blancs, des globules rouges et un déclin cognitif.

Emprisonnés en vertu de la loi antiterroriste
En août 2024, alors que la guerre génocidaire menée par Israël dans la bande de Gaza tue chaque jour, six militants britanniques pénètrent dans un centre de recherche, de développement et de production appartenant à Elbit Systems, principal fournisseur d’armes d’Israël, à Filton, près de Bristol. Une fois à l’intérieur, ils démantèlent du matériel, notamment plusieurs drones quadricoptères couramment utilisés par l’armée israélienne pour tuer des civils dans les territoires palestiniens.
La réaction des autorités britanniques a été à la hauteur de leur soutien à Israël. Les six militants ont été arrêtés sur les lieux mêmes de leur action. Quatre autres ont été interpellés par des policiers antiterroristes, dans différentes régions du pays. Tous furent placés en détention provisoire.
Pendant leur détention, chacun des dix individus fut détenu sans inculpation pendant près d’une semaine et interrogé à plusieurs reprises en vertu de la loi antiterroriste. Une référence à cette loi utilisée comme prétexte aux yeux de l’opinion publique devant marquer la gravité des faits, alors qu’au final ils ont été inculpés pour des infractions considérées comme non terroristes.
En novembre 2024 et juillet 2025, de nouvelles descentes de police conduisent à l’arrestation de 14 personnes supplémentaires, inculpées des mêmes faits et placées en détention provisoire, venant s’ajouter aux dix déjà embastillées. Elles sont désormais connues sous le nom des « Filton 24 ».
Les revendications des prisonniers – qui ont été incarcérés plus d’un an avant leur procès – comprennent une libération sous caution immédiate, la levée de l’interdiction de Palestine Action et la fin des restrictions sur leurs communications.
Outre-Manche, cette grève de la faim et les conséquences dramatiques qui pourraient en résulter à cause de l’intransigeance du pouvoir travailliste ne sont pas sans rappeler Bobby Sands et les militants républicains irlandais que Margaret Thatcher avait laissés mourir, en 1981.

Pierre Barbancey
L'Humanité du 18 décembre 2025

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