Le but ultime du président états-unien est de normaliser les relations entre les pays arabes et Israël, au détriment du peuple palestinien. Pour y parvenir, Donald Trump entend faire voter une résolution par le Conseil de sécurité sur Gaza qui évoque une Force de stabilisation. Elle comprendrait des pays de la région ainsi qu’Israël, pourtant belligérant, alors que le Hamas serait désarmé.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a entamé des négociations sur une résolution proposée par les États-Unis visant à approuver le plan pour Gaza de Donald Trump. Les États-Unis ont officiellement transmis le projet de texte aux 15 membres du Conseil mercredi 5 novembre et ont indiqué bénéficier du soutien régional de l’Égypte, du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la Turquie et des Émirats arabes unis.
Le projet de résolution, consulté par Reuters, autoriserait une administration de transition, le « Comité de la paix » (présidé par Trump et où siégerait l’ancien premier ministre britannique Tony Blair) à établir une Force internationale de stabilisation temporaire à Gaza – avec un commandement unifié -, habilitée à « utiliser toutes les mesures nécessaires » – autrement dit, la force – pour mener à bien son mandat.
Une nouvelle police palestinienne
La Force internationale de stabilisation serait autorisée à protéger les civils et les opérations d’aide humanitaire, à œuvrer pour la sécurité des zones frontalières avec Israël, l’Égypte et une « force de police palestinienne nouvellement formée et habilitée ».
Elle permettrait, selon les promoteurs du projet, de renforcer la sécurité dans le territoire palestinien en « garantissant le processus de démilitarisation de la bande de Gaza, notamment la destruction et la prévention de la reconstruction des infrastructures militaires, terroristes et offensives, ainsi que le désarmement définitif des groupes armés non étatiques ».
Un haut responsable américain a indiqué que les Forces israéliennes qui se déploieraient dans ce cadre, devraient compter environ 20 000 soldats. La création et les opérations de la FIS, réalisées en consultation avec l’Égypte et Israël, doivent aussi permettre d’entraîner une nouvelle police palestinienne. Cette présence durerait au moins deux ans.
On voit bien le déséquilibre d’une telle résolution qui vise à désarmer totalement la partie palestinienne tout en incluant dans la Force internationale, l’armée israélienne. Ce qui tout de même un comble : comment l’un des belligérants pourrait être partie prenante du maintien de la paix ?
« Très bientôt. Ça va arriver très bientôt. Et ça se passe bien à Gaza », s’est félicité le président états-unien, sans même attendre un vote du Conseil de sécurité des Nations unies. Le projet doit être voté par les quinze membres du Conseil de sécurité, mais aucune date n’aurait encore été fixée. Pour être adoptée, une résolution du Conseil doit recueillir au moins neuf voix pour et ne pas faire l’objet d’un veto de la part de la Russie, de la Chine, de la France, du Royaume-Uni ou des États-Unis.
Cette Force de stabilisation doit être composée principalement de troupes venant de pays arabes et musulmans. En passant par l’Onu, Trump ne cherche pas une légitimité internationale dont il se fiche mais entend seulement accéder aux demandes des pays sollicités, soucieux, eux, de se parer de cette légitimité internationale. Personne pourtant ne soulève l’éventualité de la mise sur pied d’une force purement onusienne, des casques bleus, ce qui donnerait une autre dimension à cette force d’interposition et exclurait de fait Israël.
Mais pour Washington il s’agit de garder les rênes d’un attelage mix sans rien perdre en cours de route. D’où cette insistance à inclure Israël tout en donnant des gages aux pays arabes et musulmans. La destination n’étant pas l’État de Palestine mais les accords d’Abraham de normalisation de tous les pays du Moyen-Orient avec Israël.
À défaut pour l’instant d’avoir ferré l’Arabie saoudite, les États-Unis viennent d’ajouter une nouvelle prise : le Kazakhstan vient de rejoindre officiellement les accords d’Abraham. « C’est une étape majeure pour la paix et la prospérité dans le monde. D’autres nations suivront très bientôt », s’est félicité Donald Trump.
Pierre Barbancey
L'Humanité du 07 novembre 25
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