Le prince saoudien Mohammed Ben Salmane et le président américain Donald Trump, à Riyad, en Arabie saoudite, le 20 mai 2017.© Balkis Press/ABACAPRESS.COM |
Donald Trump avait décidé de mettre les petits plats dans les grands pour accueillir à Washington le prince saoudien Mohamed ben Salmane qu’il espère rallier aux accords d’Abraham pour asseoir sa politique au Moyen Orient tout en signant de juteux contrats. Mais le président des États-Unis a poussé loin la démonstration lors d’un échange dans le bureau ovale mardi 18 novembre. MBS « n’était au courant de rien », a affirmé le locataire de la Maison Blanche, interrogé sur l’assassinat du dissident Jamal Khashoggi en 2018 dans le consulat saoudien à Istanbul par une journaliste de la chaîne ABC à laquelle il s’en est pris violemment lui reprochant de chercher à « embarrasser » celui qu’il qualifie de « très bon ami » et dont il a été jusqu’à louer le bilan « incroyable en matière de droits humains ».
Peu importe si les services secrets américains ont pointé une responsabilité directe de Mohammed ben Salmane, Donald Trump est décidé à enterrer l’affaire quitte à s’arranger comme souvent avec la vérité. Garde à cheval, coups de canon, survol d’avions de combat… il a d’ailleurs reçu son hôte avec autant d’égards que s’il était un chef d’État, alors même que son père le roi Salmane reste le souverain en titre. Et pour cause, le deal passé à cette occasion n’a rien de négligeable, « business is business ». « Ce soir, je suis ravi d’annoncer que nous poussons notre coopération militaire à des sommets encore plus élevés en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme un allié majeur non-membre de l’Otan », a-t-il annoncé lors d’un dîner de gala donné à la Maison Blanche en l’honneur de son invité.
« Une coopération se chiffrant en milliards de dollars »
Donald Trump a obtenu un engagement à 1 000 milliards de dollars, contre 600 auparavant, concernant le montant des futurs investissements saoudiens aux États-Unis. Les deux États ont également ratifié une « déclaration commune » sur l’énergie nucléaire civile qui « crée la base légale pour une coopération se chiffrant en milliards de dollars sur plusieurs décennies » et « menée dans le respect de règles fortes de non-prolifération », selon l’exécutif américain. Le chef d’État milliardaire a aussi « donné son feu vert » à de futures livraisons de F-35, des avions de combat américains de technologie avancée dans le cadre d’un « Accord de défense » bilatéral, selon la même source citée par l’AFP.
Très attendu par MBS, un autre accord donnant cette fois à la monarchie pétrolière « l’accès à des systèmes américains de pointe » d’intelligence artificielle a également été conclu. Quant à la normalisation des relations entre le royaume et Israël ardemment souhaité par Washington, le prince saoudien, qui risquerait de voir affaiblir son rôle de leader régional renforcé par l’affaiblissement de l’Iran, a préféré temporiser. « Nous souhaitons faire partie des accords d’Abraham. Mais nous voulons également nous assurer que la voie vers une solution à deux États est clairement tracée », a-t-il déclaré. Ce qui est loin d’être à l’ordre du jour même si pour donner le change le plan Trump validé par le Conseil de sécurité de l’ONU mentionne une allusion vague et conditionnelle à la création d’un État palestinien.
L'Humanité du 19 novembre 25
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