Des Israéliens opposés à la réforme controversée du système judiciaire, voulue par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, ont manifesté mercredi à l’aéroport de Tel-Aviv, avant le départ prévu du Premier ministre pour Berlin.
Le dirigeant israélien doit arriver dans la capitale allemande en soirée, et des protestations sont également prévues jeudi à Berlin, premier jour de sa visite officielle.
Un millier d’écrivains, artistes et intellectuels israéliens ont en outre adressé une lettre aux ambassadeurs d’Allemagne et de Grande-Bretagne en Israël, les exhortant à annuler la visite de M. Netanyahu dans ces deux pays. Le dirigeant israélien doit se rendre en Grande-Bretagne la semaine prochaine, selon les médias israéliens.
« Face au dangereux et destructeur gouvernement de M. Netanyahu et à la lumière d’une vaste résistance civile démocratique contre la destruction des institutions de l’Etat par l’adoption de lois antidémocratiques, nous demandons à l’Allemagne et à la Grande-Bretagne d’annoncer rapidement l’annulation de ces visites », écrivent-ils dans cette missive, signée notamment d’une des grandes figures de la littérature israélienne, David Grossman.
Benjamin Netanyahu sera reçu jeudi par le chancelier Olaf Scholz et le chef de l’Etat Frank-Walter Steinmeier. C’est « le Premier ministre élu d’Israël et donc un invité normal en Allemagne », avait commenté en début de semaine le porte-parole du gouvernement allemand.
- Manifestations -
A Francfort, Meron Mendel, qui dirige le centre Anne Frank, a estimé que Berlin aurait dû annuler cette visite.
A Tel-Aviv, aux abords des terminaux de l’aéroport Ben Gourion, des manifestants ont brandi des drapeaux israéliens, l’un d’eux avec un écriteau sur lequel est marqué « Dictateur en fuite », a constaté un journaliste de l’AFP.
« Ne reviens pas! », pouvait-on lire sur des affiches placardées par des protestataires.
Les manifestants voient en la réforme de la justice, qui entend limiter les prérogatives de la Cour suprême, une menace pour la démocratie.
Depuis l’annonce du texte début janvier par la coalition de droite et d’extrême droite mise en place en décembre par Benjamin Netanyahu, des manifestations massives ont eu lieu dans le pays.
Les protestataires dénoncent en bloc la réforme du système judiciaire mais aussi la politique générale du gouvernement, et accusent le Premier ministre, inculpé pour corruption dans une série d’affaires, de vouloir se servir de la loi pour casser un éventuel jugement venant à le condamner.
Mardi, le Parlement a adopté en première lecture une disposition permettant d’annuler certaines décisions de la Cour suprême. D’autres dispositions décriées avaient déjà été adoptées en février en première lecture.
M. Netanyahu et ses alliés estiment la réforme nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, qu’ils jugent politisée.
Jeudi dernier, le président israélien, Isaac Herzog, a appelé à stopper le processus législatif actuel, qualifiant le projet de « menace sur les fondements de la démocratie ».
M. Herzog, qui joue un rôle essentiellement protocolaire, a entamé une médiation entre l’opposition et le gouvernement en vue de parvenir à un texte plus consensuel susceptible d’être adopté par le Parlement et d’apaiser les inquiétudes.
Agence France-Presse du 15 mars 2023
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