La préfecture du Rhône a annoncé, mercredi 10 décembre, l’interdiction de concerts de groupes de punk et de rap, prévus cette semaine lors du festival antifasciste Lyon Antifa Fest, qui se tient à Villeurbanne près de Lyon. La veille, la mairie de Lyon avait pris un arrêté interdisant la tenue ce mercredi dans le cadre du festival d’une conférence intitulée « La Palestine : notre boussole antifasciste », à laquelle devait participer notamment l’avocat franco palestinien Salah Hamouri.
Après la décision de la région Île-de-France de ne pas donner de subvention à la librairie Violette and Co’ pour avoir mis en avant un livre intitulé « From the river to the sea » pourtant légal, c’est au tour des autorités du Rhône de sévir. Mercredi 10 décembre, la préfecture du département a annoncé l’interdiction de plusieurs concerts de groupes de punk rock et de rap programmés cette semaine lors du festival antifasciste Lyon Antifa Fest, à Villeurbanne près de Lyon.
La veille, la mairie de Lyon, avec à sa tête l’Écologiste Grégory Doucet, avait déjà pris un arrêté interdisant la tenue ce mercredi dans le cadre du festival d’une conférence intitulée « La Palestine : notre boussole antifasciste ». L’avocat franco palestinien Salah Hamouri – qui a connu les geôles israéliennes avant d’être expulsé de Palestine en 2022 – devait y participer.
Des groupes accusés d’être « antisystèmes »
Pour justifier l’interdiction des concerts, la préfecture met en cause plusieurs groupes – Poésie Zéro, Costa, L’Allemand, ou Da Uzi – présentés comme « coutumiers de propos « antisystème » et « anti-police » ». Selon l’arrêt, le festival pourrait être « un catalyseur de plusieurs agissements violents et de troubles graves à l’ordre public lors d’affrontements », souligne notamment la préfecture, précisant qu’il existe « un antagonisme récurrent et violent entre la mouvance d’ultra-gauche et la mouvance d’ultra-droite ». « Dans ces circonstances, l’interdiction des concerts des 11, 12, et 13 décembre (…) apparaît adaptée et nécessaire », souligne la préfecture.
Le maire PS Cédric Van Styvendael de Villeurbanne, a réagi : « Je ne partage ni ne cautionne les paroles de certaines chansons des groupes programmés. Je comprends par ailleurs que des syndicats de policiers puissent être choqués par certains de ces propos ». Mais il a tout de même tenu à souligner : « Ces groupes se sont produits dans différentes villes françaises ces dernières semaines, sans qu’aucun trouble à l’ordre public n’ait été constaté à l’occasion de leurs concerts », a-t-il poursuivi.
De multiples mesures répressives
Ces décisions interviennent après la diffusion, samedi 6 décembre au soir à Lyon lors de la Fête des Lumières, de messages revendiqués localement par le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre, et au sujet desquels la préfète a saisi la justice. Le public avait pu lire sur la façade du musée des beaux-arts des messages lumineux qui disaient notamment « La police blesse et tue », « Non à l’État policier », « La violence policière est partout » ou encore « Sainte-Soline (mégabassines, N.D.L.R.), ni oubli, ni pardon » et « On dégage le RN ».
Interrogé mercredi 10 décembre à l’Assemblée notamment sur ces messages, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a affirmé que « chaque fois que ces propos comme ceux-ci sont tenus, qui sont des propos qui incitent à la haine, à la discrimination ou à la violence, nous documentons et nous préparons des dossiers de dissolution. Et aucune structure n’est au-dessus des lois ».
Le locataire de la place Beauvau multiplie les actions judiciaires ces dernières semaines. D’abord contre le jeu de famille « fachorama », a-t-on appris début décembre. Mi-novembre, il avait porté plainte contre Pierre-Emmanuel Barré.
Dans une chronique sur Radio Nova, ce dernier évoquait, dans un propos très documenté, le viol d’une femme en garde à vue par deux policiers, à Bobigny. Il relatait également l’étendue des violences policières à Sainte-Soline, révélées par le Monde et Mediapart, ainsi que les meurtres commis par la force publique, d’après des chiffres de l’ONU.
En conclusion, il donnait sa propre lecture de ces faits : « des viols, des mutilations, des meurtres, et des mecs qui se filment en train de faire tout ça en se marrant : en fait, la police et la gendarmerie, c’est Daech avec la sécurité de l’emploi ».
Clémentine Eveno
L'Humanité du 11 décembre 25
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