En Israël, plusieurs formations réclament la démission de Benyamin Netanyahou en plein « Qatargate »

 

Les messages rendus publics confirment qu’à partir d’avril 2024, des échanges entre le personnel du cabinet du premier ministre Benyamin Netanyahou et le gouvernement qatari se sont noués dans le but de lancer une vaste communication en pleine opération génocidaire après les massacres du 7-Octobre.© UPI/ABACA
Les conversations publiées par i24News entre les trois conseillers du premier ministre israélien continuent d’alimenter un scandale retentissant. Srulik Einhorn, Eli Feldstein et Jonathan Urich auraient mené une campagne d’influence pour redorer l’image du Qatar. Plusieurs formations réclament la démission du chef du gouvernement.
De nouveaux éléments dans le scandale du Qatargate éclaboussent encore davantage le gouvernement israélien. Les révélations de la chaîne de télévision i24News et du quotidien Haaretz confirment la responsabilité de trois proches conseillers du premier ministre, Benyamin Netanyahou.
Selon les deux médias, ils ont délibérément mené une campagne d’influence pour l’émirat afin d’adoucir son image avant la Coupe du monde de football 2022. Il s’agit de Srulik Einhorn qui a travaillé sur la campagne du Likoud, Eli Feldstein, porte-parole et associé de Netanyahou, et Jonathan Urich, conseiller stratégique du premier ministre. Une enquête judiciaire a été ouverte pour corruption, fraude, abus de confiance et blanchiment d’argent.

Le Qatar essentiel pour négocier un cessez-le-feu
i24News a publié des conversations, dimanche 21 décembre, entre les trois conseillers et principaux suspects dans le Qatargate. Ces messages confirment qu’à partir d’avril 2024, des échanges entre le personnel du cabinet du premier ministre et le gouvernement qatari se sont noués dans le but de lancer une vaste communication en pleine opération génocidaire après les massacres du 7-Octobre.
Le quotidien Haaretz soutient que cette campagne d’influence « comprenait des dizaines d’articles et de tweets qui promouvaient l’idée que le Qatar était essentiel pour négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas et pour le retour des otages, tout en présentant l’Égypte comme un acteur problématique ».
Eli Feldstein et Jonathan Urich ont été arrêtés en mars car soupçonnés d’intelligence avec un agent étranger : le Qatar. Srulik Einhorn, qui vit désormais à Belgrade, multiplie les opérations de communication pour le dirigeant serbe Aleksandar Vučić ou les réseaux Maga.
Au cours de son interrogatoire cet été, il a admis avoir mené deux campagnes visant à améliorer l’image de l’émirat, avant et pendant la guerre menée contre le Hamas. Cela a été fait par l’intermédiaire de ses deux sociétés, l’une israélienne, Perception, et l’autre serbe, Insight Partners. Il a reconnu la participation de Jonathan Urich, qui se trouve en résidence surveillée depuis le mois de mars, et Eli Feldstein.
Srulik Einhorn est également poursuivi pour avoir divulgué des documents militaires israéliens à un journaliste allemand de Bild en septembre 2024 dans le but de détourner la pression médiatique de Benyamin Netanyahou après le meurtre de six otages par le Hamas.
Devant les éléments qui s’accumulent chaque jour, l’affaire devient politique. L’ancien premier ministre d’extrême droite, Naftali Bennett (2021-2022), qui milite pour de nouvelles élections, a condamné « le cabinet de Netanyahou » qui « a trahi l’État d’Israël et l’armée en temps de guerre et a agi pour le compte du Qatar dans un but lucratif ». Cet ultranationaliste, fervent sioniste et défenseur de la colonisation a estimé qu’il s’agit de « l’acte de trahison le plus grave de l’histoire d’Israël » et exige « sa démission immédiate ».
L’ancien chef de gouvernement Yaïr Lapid, également favorable à sa démission, a réclamé une enquête de la part des services de sécurité du Shin Bet : « C’est le moment de vérité pour David Zini. S’il n’est pas au service du gouvernement, il devrait ordonner au Shin Bet d’enquêter immédiatement et sans parti pris sur tous les collaborateurs de Netanyahou. »

Une commission aux ordres du premier ministre

Un autre front politique débute pour le premier ministre israélien. Depuis deux ans, l’opinion publique et de nombreuses formations réclament la création d’une commission d’enquête indépendante sur le 7-Octobre. Le chef du gouvernement, qui l’a refusée, a finalement défendu le projet le 22 décembre.
Mais ses membres seraient validés par la coalition au pouvoir alors que la loi prévoit qu’ils soient nommés par le président de la Cour suprême. L’opposition a déjà annoncé un boycott total. Les familles des victimes exigent une véritable commission d’État indépendante. Plus de 70 % des Israéliens souhaitent sa création pour établir les responsabilités dans les défaillances.

Vadim Kamenka
L'Humanité du 23 décembre 25

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