| Environ 32 000 civils palestiniens ont été déplacés de force en Cisjordanie entre janvier et février 2025, selon Human Rights Watch.© Xinhua/ABACA |
Malgré l’adoption en grande pompe du plan de Trump pour Gaza par l’ONU, la mise à mort de l’enclave palestinienne et de la Cisjordanie se poursuit dans l’indifférence. Le Liban et la Syrie restent quant à eux les cibles des incursions illégales et des bombardements d’Israël. Comment pourrait-il en être autrement, alors que Tel-Aviv a enclenché un génocide et accéléré ses velléités expansionnistes pendant deux ans.
C’est ainsi que la Défense civile de Gaza a annoncé, jeudi 20 novembre, trois morts dans des bombardements, faisant suite aux 28 morts décomptés un jour plus tôt. Les conséquences – affirme Tel-Aviv – de tirs de membres du Hamas sur des soldats de l’armée d’occupation, près de Khan Younès. Aucun blessé n’a été à déplorer du côté israélien et le Hamas dément avoir tiré. Le Qatar, qui joue un rôle de médiateur entre Israël et l’organisation palestinienne, « condamne fermement les attaques brutales menées par l’occupation israélienne dans la bande de Gaza (…) et les considère comme une escalade dangereuse qui menace de compromettre l’accord de cessez-le-feu ».
Des dizaines de milliers de Palestiniens expulsés
L’agence de presse palestinienne Wafa rapporte de son côté que les forces d’occupation israéliennes ont procédé à des arrestations dans les villes de Qalqilya et Tulkarem, en Cisjordanie. À Qalqilya, ville proche de la frontière, quatre hommes auraient été arrêtés lors de raids menés, jeudi matin, dans plusieurs maisons. Dans la commune de Tulkarem, deux civils palestiniens ont été arrêtés.
Au même moment, l’ONG Human Rights Watch annonce que l’expulsion, début d’année 2025, de dizaines de milliers de Palestiniens des camps de Jénine, Tulkarman et Nour Shams (Cisjordanie), par Israël, constitue des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. L’organisation de défense des droits humains estime, dans son rapport dévoilé jeudi, qu’environ 32 000 habitants ont été déplacés de force par les forces israéliennes lors de l’« Opération Mur de fer », organisée en janvier et février derniers.
Ces civils palestiniens se sont vu interdire de rentrer chez eux et des centaines de maisons ont été démolies, indique le dossier long de 105 pages, intitulé Tous mes rêves ont été anéantis. De quoi pousser Human Rights Watch à demander des mesures internationales urgentes pour mettre les responsables face à leurs crimes et mettre fin aux exactions. Ces derniers mois ont néanmoins démontré que Tel-Aviv ne soucie guère du droit international et de ses institutions.
Fière de son impunité, l’armée israélienne multiplie les opérations militaires. Comme au Liban, où elle a émis, mercredi, des ordres d’évacuation immédiate pour les villages de Deir Kifa, Shahour, Tayr Falsay et Aynata (sud du Liban), en prévision de bombardements imminents. Encore une fois, Tel-Aviv justice son intervention par sa « lutte contre le terrorisme », et explique ses attaques par une « réponse aux tentatives interdites du Hezbollah de reconstruire ses activités dans la région », a déclaré son porte-parole arabophone, Avichay Adraee.
« Mon gouvernement condamne cette visite provocatrice »
Autre pays voisin et autre acte hostile. Le pouvoir syrien a dénoncé le voyage du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et d’autres hauts responsables dans le sud du pays, mercredi 19 novembre. Le chef d’État et son cercle proche ont rendu visite aux troupes déployées sur le territoire syrien occupé illégalement, lors d’un déplacement ultra-médiatisé.
« Mon gouvernement condamne fermement cette visite provocatrice, qui illustre parfaitement l’agression continue d’Israël contre la Syrie et son peuple », a fustigé le même jour Ibrahim Olabi, ambassadeur de Syrie auprès des Nations Unies. « Nous renouvelons notre appel à l’ONU et à ce Conseil de sécurité pour qu’ils prennent des mesures fermes et immédiates afin de mettre fin à ces violations, d’assurer qu’elles ne se reproduisent pas, de mettre fin à l’occupation et de faire appliquer les résolutions pertinentes, en particulier l’accord de désengagement de 1974 », a-t-il poursuivi.
Depuis le renversement de Bachar al-Assad, en décembre 2024, Israël maintient des troupes dans une zone tampon patrouillée par l’ONU sur le plateau du Golan, séparant les forces israéliennes et syriennes. Le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, a qualifié la visite « très publique » de Netanyahou et d’autres hauts responsables israéliens de « pour le moins préoccupante ».
Le gouvernement Netanyahou a beau rejeter le droit international quand ce dernier le cible, il n’hésite pas à user du moindre levier pour conserver son impunité. La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé, toujours mercredi, avoir reçu une demande de récusation de son procureur Karim Khan de la part de Tel-Aviv. Prompt à dénoncer les soi-disant biais de l’instance de justice, Israël accuse Karim Khan d’avoir tenté de « détourner l’attention » de l’enquête le visant grâce aux mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant, pour crimes de guerres et de crimes contre l’humanité.
Ledit procureur est actuellement au centre d’une enquête pour agression sexuelle. De quoi le pousser, selon le porte-parole de la diplomatie israélienne, Oren Marmorstein, à émettre les mandats d’arrêt à l’encontre du premier ministre israélien et de son ancien ministre de la Défense. « Le procureur aurait agi pour des motifs personnels inappropriés afin de faire avancer des allégations fausses et sans fondement contre Israël », a-t-il affirmé. Ou comment Tel-Aviv tente de tordre le récit à son avantage.
L'Humanité du 20 novembre 25
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