Plan de « paix » pour Gaza : l’ONU suit la vision des États-Unis

 

Des Palestiniens assis près d’un feu, pendant un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, à Gaza, le 17 novembre 2025.© Palestinians sit next to a fire, amid a ceasefire between Israel and Hamas, in Gaza City, November 17, 2025. REUTERS/Dawoud Abu Alkas
La résolution 2803 a été votée par 13 voix et deux abstentions au Conseil de sécurité. Israël s’en félicite, le Hamas la rejette. Le flou persiste sur les attributions du conseil de paix et les prérogatives de la force internationale de stabilisation.
Les États-Unis forcés de se tourner vers les Nations unies s’agissant de la bande de Gaza ! Le Conseil de sécurité a, le 17 novembre, adopté par 13 voix pour et 2 abstentions (Russie et Chine) la résolution 2803, par laquelle il fait sien le plan d’ensemble de Donald Trump visant officiellement à mettre fin au conflit à Gaza, et demande à toutes les parties de l’appliquer dans son intégralité, « notamment de respecter le cessez-le-feu, de bonne foi et sans délai ». Cela alors qu’Israël annonçait le même jour avoir tué trois Palestiniens coupables d’avoir franchi la ligne Jaune, définie arbitrairement par Tel-Aviv et qui divise la bande en deux.
Le Hamas a rejeté la mesure, affirmant qu’elle ne respectait pas les droits des Palestiniens et cherchait à imposer une tutelle internationale sur le territoire. De son côté, l’Autorité palestinienne a salué la résolution et s’est déclarée prête à participer à sa mise en œuvre.

Vers une force internationale à Gaza ?
La mesure essentielle de ce texte onusien réside dans la création d’un conseil de paix et d’une force internationale de stabilisation (FIS), ainsi que dans la reprise complète de l’aide humanitaire.
Le conseil de paix n’est autre qu’une administration transitoire chargée de guider la reconstruction de ce territoire palestinien. Il est précisé que cela durera jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne ait mené à bonne fin son programme de réformes et qu’elle puisse reprendre le contrôle de Gaza. Un rajout dû à l’insistance des pays arabes, déjà à l’origine de la saisie de l’ONU par Washington. Ces pays sont soucieux de préserver leur virginité politique sous couvert des Nations unies, mais le voile est transparent.
Le texte précise en effet qu’une fois que l’Autorité palestinienne aura scrupuleusement exécuté son programme de réformes et que la reconstruction de Gaza aura progressé, les conditions seront alors « peut-être » réunies pour que s’ouvre un chemin crédible vers l’autodétermination palestinienne et la création d’un État palestinien. Tout est évidemment dans le « peut-être ».

Les félicitations de Netanyahou
Idem avec la force internationale de stabilisation, que ces mêmes pays arabes souhaitaient voir dépendre de l’ONU, histoire de ne pas apparaître comme participant à la coercition des Palestiniens. Elle va être créée à titre temporaire et déployée sous un commandement unifié, mais devra notamment collaborer avec Israël et l’Égypte. Les forces de police palestiniennes sont mentionnées, mais on ne sait pas de quelle entité elles dépendront.
Ce n’est que lorsque la FIS aura pris le contrôle de la situation et l’aura stabilisée que l’armée israélienne se retirera de la bande de Gaza suivant les modalités, les étapes et le calendrier qui auront été convenus avec la FIS, les garants et les États-Unis, « à l’exception d’un périmètre de sécurité qui restera en place tant que Gaza ne sera pas dûment prémunie contre tout retour de la menace terroriste ». C’est la fameuse zone tampon, en territoire palestinien, que les Israéliens ont toujours annoncé vouloir maintenir.
« Pas d’annexion, pas d’occupation, pas de déplacements forcés », a exhorté l’Algérie, sans être vraiment entendue. Plusieurs délégations se sont inquiétées de l’absence de clarté du texte sur plusieurs points. Le Danemark a ainsi voulu en savoir plus sur le rôle et la composition du conseil de paix et de la force internationale de stabilisation, sans succès. Le Pakistan a, en outre, regretté que le texte n’évoque pas une voie politique vers l’autodétermination et un État palestinien, et qu’il ne prévoie pas un rôle accru pour l’ONU.
« Le Conseil donne son accord à une initiative américaine sans connaître les modalités d’action, ce qui pourrait servir de paravent à des actions unilatérales d’Israël et de Washington et une condamnation de la solution des deux États », s’est inquiété l’ambassadeur russe Vassiliy Nebenzia, qui a expliqué que le soutien de Ramallah et de plusieurs États arabo-musulmans au projet a conduit sa délégation à ne pas présenter son propre texte. Tout arrangement transitoire doit respecter la volonté du peuple palestinien et donner un rôle à l’administration palestinienne, a martelé la Chine.
La France a souligné, pour sa part, que la mise en œuvre de ce texte devait reposer sur la mise en œuvre de la solution de deux États, le retour rapide d’une Autorité palestinienne réformée et renforcée à Gaza et l’unité de Gaza et de la Cisjordanie, parties intégrantes du territoire.
Le ministre israélien d’extrême droite Itamar Ben Gvir appelle à l’arrestation de Mahmoud Abbas si l’ONU votait pour un État palestinien. Il peut se rassurer. Benyamin Netanyahou a d’ailleurs félicité Donald Trump et « son équipe infatigable et dévouée ». On ne saurait mieux dire.

Pierre Barbancey
L'Humanité du 18 novembre 25

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