Mort de Robert Birenbaum, juif, communiste et résistant

 

Portrait de Robert Birenbaum, l’un des derniers résistants juifs communistes, membre des FTP, est décédé le 22 novembre 2025.Photo by Renaud Khanh/ABACAPRESS.COM
Entré dans la Résistance à l’âge de 16 ans, le camarade des Manouchian est décédé samedi 22 novembre, à l’âge de 99 ans.
Frère d’armes de Missak Manouchian, Robert Birenbaum, membre du groupe des Francs-tireurs et partisans (FTP), s’est éteint samedi matin « tranquillement, entouré des siens », écrit sur X son fils Guy. Il avait 99 ans.
Né à Paris le 21 juillet 1926, de parents juifs polonais naturalisés français en 1935, il avait moins de 16 ans ce 17 juillet 1942, lorsqu’il rejoint la Résistance au sein des Jeunesses communistes. C’était le lendemain de la rafle du Vél d’Hiv, il avait pu, avec ses parents, échapper aux arrestations.

Ses mémoires publiées en 2024
Deux ans plus tard, il s’engageait dans l’armée. C’est sa tante qui l’avait mis en contact avec de jeunes juifs communistes et résistants. « Elle me fit comprendre en très peu de phrases qu’il était toujours préférable de se battre, de vivre debout et dans la dignité, de ne pas se coucher devant l’ennemi », raconte-t-il dans 16 ans, résistant, ses Mémoires publiées en février 2024 chez Stock.
Il était surnommé « Monsieur Baratin » en raison de sa capacité à convaincre. Il avait pour mission de recruter de jeunes juifs pour les FTP, mais, rapporte-t-il dans son livre, le jour où il doit être recruté dans les FTP-MOI (FTP-main-d’œuvre immigrée) de Manouchian, le 17 novembre 1943, des membres du groupe sont arrêtés, et l’opération est annulée.
À la fin de la guerre, Robert Birenbaum devient maroquinier et ouvre un magasin à Paris qu’il tient jusqu’à sa retraite. Comme l’écrit son fils, Guy Birenbaum, journaliste et éditeur, « il coulait des jours paisibles auprès de sa famille » entre Beaulieu-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes, et Deauville, dans le Calvados.
Désormais, poursuit-il, « il va rejoindre enfin sa Tauba bien-aimée », son épouse Thérèse, qu’il avait rencontrée le jour de la libération de Paris, le 25 août 1944. « Seule sa mort en 2009 les avait séparés. » La vie de Thérèse à Paris pendant l’Occupation est retracée dans le documentaire les Enfants du 209 rue Saint-Maur, Paris Xe de Ruth Zylberman.

Une légion d’honneur tardive
Une Légion d’honneur a été remise bien tardivement au résistant Birenbaum. C’était le 18 juin 2023 au mont Valérien, là où la plupart de ses camarades FTP-MOI ont été fusillés par les nazis. « J’ai dit au président que ce n’était pas pour moi, que c’est pour tous mes copains, ceux qui ont été tués. Je ne suis qu’un petit personnage, je ne suis rien du tout et on me prend pour un roi », confiait-il dans ses Mémoires.
Le 21 février 2024, jour de la panthéonisation de ses camarades Missak et Mélinée Manouchian, il gravit les marches du Panthéon au bras du président de la République Ce fut pour lui un moment mémorable, fort en émotion.
Une pluie d’hommages a suivi l’annonce de son décès. Emmanuel Macron salue sur X « un homme qui avait porté au plus haut la lutte pour la liberté, l’égalité et la fraternité. Un homme de dévouement qui fut toute sa vie fidèle à cet engagement initial. Il est et demeurera un exemple pour tous ».

Latifa Madani
L'Humanité du 23 novembre 25

16 ans, résistant, Robert Birenbaum, février 2024 chez Stock.

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