| Des centaines de logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sont proposés par Aibnb aux touristes ce qui alimente un « tourisme d’occupation », relève les ONG.© Corinna Kern/LAIF-REA |
Suite logique des révélations du quotidien britannique The Guardian en février dernier, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) a déposé, jeudi, à Paris, une plainte contre Airbnb et Booking.com pour complicité et recel aggravé de crimes de guerre, en proposant des logements dans les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés.
« Ces multinationales, en offrant leurs services et leurs prestations, permettent et facilitent, tant directement qu’indirectement, la création (…) et l’extension des colonies israéliennes » et « en tirent des profits colossaux », souligne la plainte avec constitution de partie civile, déposée par Me Patrick Baudouin.
Des locations touristiques au cœur des colonies israéliennes
The Guardian expliquait avoir identifié 402 annonces (appartements, maisons, hôtels), à la date du 30 août 2024 dans les colonies – illégales au regard du droit international -, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est: 350 sur Airbnb et 52 sur Booking.com. Avec un total de 760 chambres permettant d’héberger plus de 2.000 personnes.
Depuis plusieurs années déjà, prétextant un parc hôtelier devenu trop petit à Jérusalem, les autorités et les professionnels du tourisme israéliens, avaient lancé l’idée d’une utilisation des colonies. Ce qui s’est concrétisé.
Si booking.com mentionne que les logements sont situés dans des colonies israéliennes et que ces dernières sont en « Palestine », Airbnb en revanche, ne précise pas que les biens proposés à la location sont situés en territoire palestinien : la société indique le nom de la colonie, sans préciser que cela en est une, comme Ariel ou Yakir.
Les descriptions évoquent des lieux d’intérêt touristique, telle la Basilique de la nativité, et leurs distances avec le logement, participant ainsi « à entretenir un tourisme d’occupation », dénonce Patrick Baudouin.
Des ONG dénoncent un « blanchiment de fonds » lié aux colonies
Outre la plainte qui vient d’être déposée par la LDH, Airbnb fait désormais face à une série d’actions en justice aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Irlande, menées par des groupes de défense des droits humains, concernant ses activités dans les territoires palestiniens occupés.
Au Royaume-Uni, les recours juridiques sont intentés par le Global Legal Action Network (GLAN), Sadaka Ireland (l’Alliance Irlande-Palestine) et le groupe palestinien de défense des droits de l’homme Al-Haq. Ces organisations soutiennent que les colonies israéliennes constituent un crime de guerre car elles violent notamment les Conventions de Genève.
De ce fait, ces ONG affirment qu’Airbnb facilite les affaires et gère des fonds provenant de crimes de guerre, ce qui est considéré comme du blanchiment d’argent en vertu des lois britannique et irlandaise. La justice a été saisie en 2018 contre Airbnb au Royaume-Uni mais la compagnie de location d’appartements a continué ses activités.
Israël sommé de mettre fin à sa présence dans les territoires occupés
En 2022, l’Assemblée générale des Nations Unies avait demandé à la Cour internationale de justice (CIJ) son avis sur les conséquences juridiques de « l’occupation, de la colonisation et de l’annexion prolongées » par Israël des territoires capturés lors de la guerre de 1967, notamment la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est.
En juillet 2024, cette même CIJ rendait son avis. Elle concluait que « la présence continue de l’État d’Israël dans le Territoire palestinien occupé est illicite » et que « l’État d’Israël est dans l’obligation de mettre fin à sa présence illicite dans le Territoire palestinien occupé dans les plus brefs délais ».
Par voie de conséquence, toutes les entreprises qui participent l’occupation et à cette colonisation en tirant des bénéfices sont complices.
Pierre Barbancey
L'Humanité du 16 octobre 25
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