Le fasciste Itamar Ben Gvir menace Marwan Barghouti dans sa cellule

 

Un portrait du leader palestinien emprisonné Marwan Barghouti sur le mur de séparation israélien à Bethléhem, en Cisjordanie occupée, photographié le 24 décembre 2024.© Ahmad Gharabli, AFP
Ce ministre du gouvernement Netanyahou a diffusé vendredi matin sur les réseaux sociaux une vidéo où il prend à partie et sermonne, dans sa cellule, Marwan Barghouti, leader palestinien emprisonné depuis 2002 et à l’isolement depuis deux ans. En réponse, Fadwa Barghouti s’est adressée à son époux. L’Autorité palestinienne dénonce un « terrorisme d’État organisé ».

Itamar Ben Gvir, ministre d’extrême droite de Benyamin Netanyahou, en charge de la « sécurité nationale », s’est rendu dans la prison de Ganot, là où se trouve, à l’isolement, le leader palestinien Marwan Barghouti, 66 ans, emprisonné depuis 23 ans maintenant. Ben Gvir, s’en est pris à Barghouti comme le montrent des images publiées (mais non datées) sur le compte X. Il est accompagné de deux autres personnes, dont un gardien pénitentiaire. « Vous ne nous vaincrez pas. Quiconque fait du mal au peuple d’Israël, quiconque tue des enfants, quiconque tue des femmes (…) nous l’effacerons », lance, en hébreu, le ministre fasciste. Le leader du parti Fatah et membre élu du Conseil législatif palestinien (le parlement) tente alors de parler, mais Ben Gvir l’interrompt sans ménagement : « Non, vous devez le savoir, et ce, tout au long de l’histoire. »

Ce sont les premières images de Marwan que l’on voit depuis plusieurs années. Fadwa Barghouti, l’épouse de Marwan, lui a écrit directement en réponse à la vidéo : « Je ne t’ai pas reconnu, ni tes traits, et peut-être qu’une partie de moi refuse d’admettre tout ce que ton visage et ton corps expriment, de ce que toi et les prisonniers endurez. Marwan, ils te poursuivent encore et encore, même après 23 ans de prison et même dans la cellule d’isolement où tu te trouves depuis deux ans. Je sais que la seule chose qui te blesse, c’est l’incapacité à protéger les enfants palestiniens. »

Dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a dénoncé « une provocation sans précédent » et qualifié l’incident de « terrorisme d’État organisé ». Il a ajouté que l’Autorité palestinienne prendra la menace au sérieux et assurera le suivi avec le Comité international de la Croix-Rouge, les États concernés, la communauté internationale et ses organisations et conseils spécialisés. Pour l’Autorité palestinienne, le ministre Ben Gvir a « pris d’assaut » la cellule de Barghouti. Elle tient le gouvernement israélien « directement responsable » de la vie de Marwan Barghouti.

Hussein Al Sheikh, Vice-Président de l’Autorité palestinienne, a souligné que les menaces proférées étaient l’apogée d’un terrorisme psychologique, moral et physique contre les prisonniers, qualifiant ce geste de rupture sans précédent dans la politique israélienne vis-à-vis des détenus palestiniens. Il a également souligné une violation des conventions internationales et humanitaires. L’Office d’information des prisonniers palestiniens (Palestinian Prisoners’ Information Office) a vivement condamné l’attitude de Ben-Gvir, estimant que son invasion de la cellule dénote une logique de vengeance et d’incitation au sein du système carcéral israélien.

Selon le site Israelnews, cette « visite » de Ben Gvir aurait eu lieu le jeudi 14 août. Ce 15 août, Ben Gvir a continué sa provocation et ses menaces. « Je vais le répéter encore et encore sans m’excuser : quiconque s’en prend au peuple d’Israël, quiconque tue nos enfants, quiconque tue nos femmes, nous l’effacerons. Avec l’aide de Dieu. »

Marwan Barghouti, condamné à cinq peines de prison à perpétuité, reste le leader palestinien le plus populaire. C’est sans doute pour cela que Ben Gvir, ministre raciste, a tenté de l’humilier et, de surcroît, a fait filmer la scène. Ce qui montre bien les véritables motifs de cette extrême droite israélienne et, par voie de conséquence, ceux du gouvernement de Netanyahou. Ils affirment vouloir éradiquer le Hamas. Or, Marwan Barghouti est aujourd’hui le seul capable de battre l’organisation islamique par les urnes. Ben Gvir et sa clique, en réalité, ne veulent plus aucune expression du peuple palestinien. D’où le génocide en cours à Gaza et le nettoyage ethnique en Cisjordanie et à Jérusalem-est.

Ben Gvir a déjà été sanctionné par le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et la Norvège en raison d’incitations répétées à la violence. En juillet, la Slovénie est devenue le premier pays de l’UE à déclarer Ben Gvir (ainsi que son acolyte, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui se définit comme « suprémaciste juif ») persona non grata, en raison de leurs propos jugés « génocidaires », de leur soutien aux colonies illégales en Cisjordanie et de leur incitation à la violence envers les Palestiniens Qu’attend la France pour faire de même ?

Ces menaces ne laissent pas d’inquiéter pour la vie de Marwan Barghouti. Les images diffusées montrent que son état physique s’est dégradé. La campagne mondiale pour sa libération et celle de tous les prisonniers palestiniens, lancée symboliquement depuis l’ancienne cellule de Nelson Mandela, en Afrique du Sud, va se poursuivre, notamment lors de la Fête de l’Humanité, au mois de septembre prochain.

Pierre Barbancey
L'Humanité du 15 août 25

Accès à la vidéo : www.aloufok.net/bar150825.mp4

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