Le Hamas a accepté les propositions des médiateurs du Qatar et de l’Égypte mais veut des garanties états-uniennes. Israël n’a toujours pas répondu officiellement, mais les déclarations du premier ministre montrent sa volonté de poursuivre la guerre.
« La balle est désormais dans le camp israélien », a expliqué, dimanche 17 août, au Caire, Diaa Rashwan, le directeur des services de renseignement égyptiens. Il faisait allusion à l’annonce faite par le Hamas de son acceptation d’une nouvelle proposition des médiateurs égyptiens et qataris.
Selon le site Al Mayadeen, l’accord prévoit un retrait de 1 000 mètres du nord et de l’est de Gaza, à l’exclusion d’al-Shujaiya et de Beit Lahia, ainsi qu’un échange de prisonniers : 10 captifs israéliens encore en vie seraient remis en échange de 140 Palestiniens condamnés à la réclusion à perpétuité et de 60 autres condamnés à des peines de plus de quinze ans. Par ailleurs, 1 500 personnes détenues depuis la guerre en cours à Gaza devraient être libérées.
Le jeu de dupes de Tel-Aviv
La proposition prévoit également des ajustements aux cartes de redéploiement dans le nord et l’est, avec une aide immédiate et coordonnée après l’entrée en vigueur de l’accord, conformément à l’accord du 19 janvier 2025, déchiré depuis par Benyamin Netanyahou.
Cette aide comprend le carburant, l’eau, l’électricité, la réhabilitation d’hôpitaux et de boulangeries, ainsi que du matériel pour le déblaiement des décombres. La proposition de trêve à Gaza, acceptée lundi par le mouvement palestinien Hamas, reprend presque intégralement un précédent plan approuvé par Israël, a souligné le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari. Le Hamas insisterait également sur des garanties écrites des États-Unis pour un cessez-le-feu au-delà de soixante jours, exigeant du président Donald Trump qu’Israël ne reprenne pas les combats.
Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, Israël n’a toujours pas donné sa réponse. Celle-ci n’est attendue que dans la semaine. Les commentaires de la presse israélienne laissent penser que Tel-Aviv préfère le jeu de dupes. La « balle » évoquée par le directeur des services de renseignement égyptiens serait, au regard du gouvernement israélien, plutôt létale. Le plan de prise de contrôle totale de la bande de Gaza n’est pas abandonné.
Au contraire. Israël poursuit son projet de s’emparer de la ville de Gaza, bombardant sans relâche le centre urbain alors qu’il prévoit de déplacer de force des centaines de milliers de Palestiniens pour les concentrer dans un immense camp. Selon des témoins, les frappes se sont poursuivies dans le quartier de Zeitoun à Gaza-ville, tandis qu’une colonne de blindés s’est positionnée à la lisière du quartier voisin de Sabra.
Pour le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, le Hamas est « disposé à discuter d’un accord pour la libération des otages, uniquement parce qu’il craint que nous ayons sérieusement l’intention de conquérir la ville de Gaza ». Il veut ainsi faire oublier qu’au cours des deux dernières années le mouvement islamiste a accepté des propositions de cessez-le-feu et de libération des prisonniers israéliens et palestiniens, mais Israël les a rejetées et a insisté pour poursuivre la guerre.
Une force internationale encore floue
Dans ces conditions rien d’étonnant à constater que le principal point de friction a été la durée du cessez-le-feu. Le Hamas souhaite une fin définitive de la guerre, tandis qu’Israël cherche une trêve temporaire qui lui permettrait de reprendre sa campagne de destruction et de déplacement à Gaza après la libération de ses ressortissants, détenus dans le territoire.
Le journal israélien Israel Hayom estime que « la réponse du Hamas, prononcée lundi, a probablement délibérément ignoré le cadre proposé par les États-Unis au cours du week-end, qui comprend le déploiement immédiat de forces internationales dans les zones évacuées par l’armée israélienne ». Une force internationale dont la composition reste floue.
L’Égypte a rejeté une telle idée mais le quotidien israélien évoque « des troupes américaines et émiraties ». Ce qui, à ce stade, ressemble plutôt à un leurre. Pour Tel-Aviv, épaulé par Washington, il convient de gagner du temps pour – comme à l’habitude – modifier la situation sur le terrain : la politique du fait accompli.
Benyamin Netanyahou a été on ne peut plus clair, après une visite à la division de Gaza de l’armée israélienne. « Comme vous, j’entends les reportages des médias, et vous pouvez en déduire une chose : le Hamas subit une pression immense », a-t-il déclaré, énonçant plusieurs exigences dont la démilitarisation de Gaza, le maintien du contrôle sécuritaire israélien, y compris dans la zone tampon, et l’établissement d’une administration civile indépendante du Hamas et de l’Autorité palestinienne. Autant dire qu’il entend poursuivre la guerre.
Pierre Barbancey
L'humanité du 19 août 25
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