L’extrême droite au pouvoir à Tel-Aviv affiche son mépris souverain des mots, auxquels elle oppose ses actes implacables pour montrer à quel point les discours de condamnation n’ont aucune prise sur ses desseins criminels et génocidaires.
C’est la stratégie de la force à l’état brut, employée au prix de dizaines de milliers de morts de bombardements et d’une famine organisée sur le terrain à Gaza, et d’expulsions forcées en Cisjordanie. Cette stratégie s’étend au milieu feutré de la diplomatie pour faire primer la volonté de Netanyahou non seulement sur le droit international, mais sur les initiatives des chancelleries qui ne peuvent plus se taire devant le massacre.
Après Bezalel Smotrich, le ministre israélien chargé des colonies, déclarant : « Quiconque, dans le monde, tente aujourd’hui de reconnaître un État palestinien recevra notre réponse sur le terrain, non pas par des documents, des décisions ou des déclarations, mais par des faits, des faits concernant les maisons, des faits concernant les quartiers », voici son homologue des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, annonçant son intention de fermer le consulat français à Jérusalem, en représailles du projet de reconnaissance par Paris de l’État palestinien.
En répondant par la violence de ses actes aux mots de la diplomatie, l’extrême droite israélienne montre en réalité combien elle redoute la portée plus que symbolique de ces derniers dans l’opinion. Mais pour les rendre opérants, ces mots doivent trouver une traduction concrète. La reconnaissance de l’État palestinien est une condition nécessaire mais non suffisante.
D’autres actes sont indispensables pour que les mots aient un sens : la suspension immédiate de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, l’application des mandats d’arrêt de la justice internationale contre les accusés de crimes de guerre et, surtout, la mise sur pied et l’envoi sur place d’une force de protection des populations sous mandat international, comme l’ont proposé Emmanuel Macron et des personnalités à l’instar de Dominique de Villepin. Sans cela, la détermination restera du côté de Netanyahou face aux bavards.
Par Sébastien Crépel
L'Humanité du 19 août 25
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