En Israël, la Knesset classe l’Unrwa comme « organisation terroriste »

 

Des Palestiniens et des employés de l’UNRWA à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 6 juin 2024. © Khames Alrefi/Middle East Images/ABACAPRESS.COM
Le parlement israélien a adopté en première lecture, lundi 22 juillet, trois projets de loi visant à interdire les activités de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens sur son territoire et à la classer comme « organisation terroriste ». Un vote qui s’inscrit dans une offensive conduite depuis des mois par les autorités israéliennes contre l’Unrwa.
Depuis des mois, le gouvernement israélien tente de discréditer l’Unrwa, pilier de l’aide humanitaire à Gaza et en Cisjordanie, accusant des salariés de l’agence onusienne d’avoir participé aux attaques terroristes du 7 octobre aux côtés du Hamas. Si en avril le rapport de la mission conduite par Catherine Colonna, l’ex-cheffe de la diplomatie française, à la demande du secrétaire général de l’ONU, a établi qu’aucune preuve tangible n’étaye ces accusations, la détermination du pouvoir israélien n’est pas ébranlée.
La Knesset vient ainsi d’adopter en première lecture, lundi 22 juillet, trois projets de loi visant à interdire les activités de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens sur son territoire et à la classer comme « organisation terroriste ». Le même jour, Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Unrwa, dénonçait sur X (ex-Twitter) « des tirs lourds des forces israéliennes » , ayant eu lieu la veille, sur un « convoi des Nations Unies se dirigeant vers Gaza City » pourtant clairement identifié et « approuvé par les autorités israéliennes ».

« Le point d’orgue de l’obstruction systématique de l’aide humanitaire »
De quoi laisser présager le pire alors que le premier des trois textes examinés par la Knesset prévoyant d’interdire purement et simplement les opérations de l’agence en Israël a été adopté à 58 voix contre 9, que le second qui entend priver les salariés de l’Unrwa des droits accordés au personnel de l’Onu a obtenu 63 voix contre 9, tandis que le dernier, qui la range dans la catégorie des « organisations terroristes », a été approuvé par 50 voix contre 10. Le député communiste israélien Ofer Cassif fait partie des rares membres du parlement à s’être opposé à ces projets de lois, qui doivent toutefois encore faire l’objet de deux lectures pour être définitivement adoptés. L’élu a notamment dénoncé des mesures qui « bloqueraient l’accès au système éducatif » pour de nombreux enfants palestiniens de Jérusalem-est.
« La décision de la Knesset israélienne de classer l’Unrwa comme organisation « terroriste » représente une hostilité préméditée visant à éliminer la question des réfugiés palestiniens et constitue une violation de la résolution 2 730 (2024) du Conseil de sécurité de l’ONU », a également fustigé, sur X, le ministère palestinien des Affaires étrangères et des Expatriés.
« En qualifiant d’entité terroriste l’agence des Nations unies créée pour aider les réfugiés palestiniens, les autorités israéliennes perpétuent un discours qui vilipende et marginalise une population entière et ceux qui lui fournissent une assistance », avait également souligné Christopher Lockyear, secrétaire général de Médecins sans Frontières (MSF), lors de la présentation de l’avant-projet de loi, rappelant les « mois d’intimidation à l’encontre de l’UNRWA, y compris une attaque contre ses bureaux à Jérusalem ». « C’est le point d’orgue de l’obstruction systématique et continue de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, et qui a pour conséquence de l’asphyxier », avait également affirmé le responsable de l’ONG.

« Un nombre sans précédent d’attaques contre les locaux et le personnel de l’Onu »
L’UNRWA, qui emploie 30 000 personnes pour la plupart palestiniennes, vient en aide à plus de 5 millions de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, à Gaza, mais aussi au Liban, en Jordanie et en Syrie, et est financée quasiment entièrement par des contributions volontaires des États.
Dans la seule bande de Gaza, elle délivrait des services essentiels avec ses 278 écoles et 22 centres de soins primaires, dont nombre ont été dévastées par les bombardements israéliens, et elle est aujourd’hui au cœur du dispositif humanitaire entravé dans l’enclave assiégée. « La guerre à Gaza a été marquée par un nombre sans précédent d’attaques contre les locaux et le personnel de l’ONU. Ces violations du droit humanitaire doivent cesser », affirmait encore, sur X lundi 22 juillet, l’agence, photos à l’appui.
Les premières accusations d’Israël contre l’Unrwa avaient entraîné la suspension de nombre de ses financements, mais plusieurs États se sont depuis ravisés. Encore vendredi dernier, Londres a décidé de la reprise de son aide avec « 21 millions de livres sterling de nouveaux fonds ». Avec cette annonce, le Royaume-Uni emboîte le pas à l’Allemagne, l’Union européenne, la Suède, le Japon ou la France.

Julia Hamlaoui
L'Humanité du 23 juillet 2024

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire