Comment Benyamin Netanyahou entend peser sur la présidentielle américaine

 

       Joe Biden et Benyamin Netanyahou, en octobre 2023. © Brendan SMIALOWSKI / AFP
Le premier ministre israélien intervient ce jeudi devant le Congrès à Washington et doit rencontrer Joe Biden, Kamala Harris et sans doute Donald Trump. Son but, les convaincre que son plan pour Gaza est le seul et le meilleur.
La dernière fois que Benyamin Netanyahou s’est rendu à Washington, c’était en septembre 2020. Un temps qui paraît lointain mais que le premier ministre israélien aimerait retrouver et qu’il retrouvera peut-être dès novembre prochain. Avec Donald Trump à la Maison-Blanche, l’avenir était radieux (mais sans doute pas pour les Palestiniens). Les États-Unis avaient reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, les accords d’Abraham rapprochaient de plus en plus de pays arabes d’Israël et l’annexion de la Cisjordanie se profilait.
Quatre ans plus tard, les choses ont changé. Le locataire de la Maison-Blanche, Joe Biden, qui s’est toujours défini comme un sioniste convaincu, a les yeux de Chimène pour Israël mais pas pour Netanyahou. Entre les deux hommes, le courant n’est jamais passé, même à l’aune des massacres du 7 octobre, mais le soutien états-unien à Israël a toujours été sans faille. La rencontre, prévue ce jeudi, entre Netanyahou et Biden se produira sous de nouveaux auspices.

Kamala Harris, moins conciliante que Joe Biden avec la guerre d’Israël à Gaza
Première étape, le Congrès. Benyamin Netanyahou sait qu’il devra franchir des obstacles. Si l’invitation a été lancée par les républicains, il sait que les démocrates ont traîné des pieds pour l’accepter. Au Congrès, nombre d’entre eux devraient d’ailleurs boycotter cette séance.
Kamala Harris, actuelle vice-présidente et qui, à ce titre, devait présider cette séance exceptionnelle, a fait savoir de longue date qu’elle ne serait pas présente. Ironie de l’histoire, elle rencontrera Netanyahou dans la semaine, mais cette fois en tant que candidate à la Maison-Blanche. Or, Israël n’a jamais caché ses craintes face aux déclarations de Kamala Harris sur une position plus dure que celle de Biden et aux conditions posées à l’effort de guerre
« La façon dont Israël se défend est importante ! assénait-elle en décembre 2023. Trop de Palestiniens innocents ont été tués. Franchement, l’ampleur des souffrances endurées par les civils et les images et vidéos provenant de Gaza sont dévastatrices. »
Le chef du gouvernement israélien pourrait également rencontrer Donald Trump. Dans cette optique, il convient de ne pas l’agacer par des déclarations trop chaleureuses envers Biden et Harris, mais il doit tenir une certaine distance pour ne pas donner l’impression aux démocrates de soutenir le candidat républicain.
Reste le but ultime de cette visite pour Netanyahou : convaincre ses interlocuteurs que sa stratégie est la meilleure, voire la seule qui vaille. Ce n’est pas une petite affaire. Il entend parvenir à la libération des otages détenus à Gaza, tout en poursuivant la guerre jusqu’à l’élimination totale du Hamas, ce qui est, de l’avis même d’officiers israéliens, un leurre.
Il ne veut pas entendre parler d’une gestion de Gaza par une Autorité palestinienne « renouvelée » – mais l’accord entre le Hamas et l’OLP pour un gouvernement d’union nationale entre-t-il dans cet ordre d’idée –, contrairement aux États-Unis qui, soucieux de préserver leurs relations futures avec les pays arabes, cherchent maintenant à mettre sur pied une force d’interposition pour laquelle les Émirats arabes unis et l’Égypte ont déjà donné leur accord.

Pierre Barbancey
L'Humanité du 23 juillet 2024

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