Au Yémen, un bombardement de l’armée israélienne dans la ville de Hodeïda fait trois morts

 

Après un bombardement israélien à Hodeïda, dans l’ouest du Yémen, le 20 juillet 2024, sur une photo obtenue auprès de l’Ansarullah Media Center, contrôlé par les rebelles houtistes. AFP
La frappe israélienne a aussi fait 87 blessés, selon le ministère de la santé des houthistes. Elle intervient en représailles à une attaque de drone qui a tué une personne vendredi à Tel-Aviv, revendiquée par ces rebelles yéménites. L’armée israélienne a annoncé, dimanche, avoir intercepté un missile venant du Yémen.
La riposte aura pris un peu plus de vingt-quatre heures. L’aviation israélienne a bombardé, samedi 20 juillet, le port yéménite de Hodeïda aux mains des rebelles houthistes, provoquant un vaste incendie, au lendemain d’un raid de drone revendiqué par le mouvement pro-iranien qui a fait un mort à Tel-Aviv.
« Le bilan des victimes de l’attaque israélienne sur Hodeïda est de trois martyrs tués et 87 blessés », a annoncé, dimanche, l’agence de presse Saba, dirigée par les houthistes, citant leur ministère de la santé.
Il s’agit des premières frappes annoncées par l’Etat hébreu au Yémen, distant d’environ 1 800 km, selon des experts. L’armée israélienne a dit, dimanche matin, avoir intercepté un missile venant du Yémen et « qui s’approchait d’Israël ». Il « n’est pas entré en territoire israélien. Les sirènes (…) ont été déclenchées en raison de la possibilité de chute d’éclats. L’incident est terminé », a précisé l’armée dans un communiqué.
Les houthistes, qui disent agir en signe de solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, mènent depuis huit mois des attaques contre des navires qu’ils disent liés à Israël, au large du Yémen. Ils tirent aussi de nombreux missiles en direction des villes israéliennes dont la grande majorité est interceptée. Le drone lancé vendredi a toutefois échappé à la défense aérienne.
« J’ai un message pour les ennemis d’Israël : ne vous méprenez pas. Nous nous défendrons par tous les moyens, sur tous les fronts. Quiconque nous attaque paiera un très lourd tribut », a promis le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans une allocution télévisée. « Le sang des citoyens israéliens a un prix. L’incendie qui fait rage à Hodeïda est visible dans tout le Moyen-Orient et sa signification est claire », a quant à lui affirmé son ministre de la défense, Yoav Gallant.

« Nous répondrons à l’escalade par l’escalade »
L’armée israélienne a annoncé que ses « avions de combat [avaient] bombardé des cibles militaires du régime terroriste houthiste dans la région du port de Hodeïda, en réponse aux centaines d’attaques menées contre Israël ».
Ce port de l’ouest du pays sert de « voie d’approvisionnement principale pour l’acheminement d’armes iraniennes d’Iran vers le Yémen, à commencer par le drone utilisé dans l’attaque » de Tel-Aviv, a assuré Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne. Hodeïda est aussi un point d’entrée essentiel pour le carburant et les marchandises, notamment l’aide humanitaire, dans les régions du Yémen aux mains des rebelles.
« L’entité sioniste paiera le prix de ses frappes contre des installations civiles et nous répondrons à l’escalade par l’escalade », promet sur X Mohammed Al-Bukhaiti, membre du bureau politique des houthistes qui contrôlent de vastes régions du Yémen, dont Hodeïda dans l’Ouest.
Selon Mohammed Abdelsalam, porte-parole du mouvement, l’armée israélienne a bombardé « des installations de stockage de carburant et une centrale électrique » qui alimente Hodeïda « pour faire pression sur le Yémen afin qu’il cesse de soutenir » les Palestiniens. « Nous répondrons à cette agression (…) Nous n’hésiterons pas à frapper des cibles vitales de l’ennemi israélien », a par ailleurs averti Yahya Saree, porte-parole militaire des insurgés.

Énorme incendie
Selon le ministère de la santé des houthistes, la plupart des blessés souffrent de « graves brûlures ». Al-Massirah, la chaîne de télévision des houthistes, a diffusé des images de personnes recevant des soins dans les hôpitaux. Selon un homme interrogé par la chaîne, de nombreux blessés étaient des employés du port.
Les bombardements ont provoqué un énorme incendie qui a ravagé le port, d’où s’élève une imposante colonne de fumée noire, selon des images d’Al-Massirah. « La défense civile et les pompiers tentent d’éteindre l’incendie qui brûle dans les réservoirs de pétrole », dit-elle. « La ville est dans le noir, les gens sont dans la rue et des files d’attente se sont formées aux stations d’essence qui ont fermé », rapporte un habitant.
Un mois après le début de la guerre dans la bande de Gaza déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre, les houthistes ont commencé à s’en prendre à des navires marchands qu’ils disent liés à l’Etat hébreu, en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, des zones maritimes essentielles pour le commerce mondial.

Tournant « dangereux »
En décembre, les Etats-Unis ont mis en place une force multinationale pour protéger la navigation dans cette zone stratégique et ont procédé depuis janvier, avec l’aide de Londres, à de nombreux bombardements au Yémen.
« Nous reconnaissons pleinement le droit d’Israël à l’autodéfense », a commenté un porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, assurant que les Etats-Unis, alliés d’Israël, « n’étaient pas impliqués dans les bombardements » de Hodeïda. Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a toutefois annoncé samedi avoir « détruit » un drone houthiste dans les dernières vingt-quatre heures au-dessus de la mer Rouge.
L’Arabie saoudite, qui appuie le gouvernement yéménite face aux rebelles depuis 2015 mais tente depuis 2023 de mettre fin au conflit, a également assuré dimanche n’avoir « aucun lien » avec cet assaut, ajoutant que le « royaume ne permettra pas que son espace aérien soit infiltré par quelque partie que ce soit ».
Pour le Hezbollah libanais, qui a également ouvert un front contre Israël après l’éclatement de la guerre dans la bande de Gaza, les raids israéliens au Yémen marquent un tournant « dangereux dans la confrontation ».

Avec l'Afp du 21 juillet 2024

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