Secrétaire général de la CGT du nord en garde à vue : « Les syndicalistes ne sont pas des terroristes »

 

Manifestation devant le commissariat central de Lille contre l'arrestation de Jean-Paul Delescaut pour apologie du terrorisme le 20/10/2023 à Lille
Crédit : Mathieu Dréan
« Ils étaient une dizaine de policiers, dont sept cagoulés, avec tout le matériel pour défoncer la porte. Jean-Paul a été plaqué sur le canapé et menotté. » Voilà comment Jean-Paul Delescaut, le secrétaire général de la CGT du Nord, a été cueilli sur le coup de 6 heures, chez lui, dans le Valenciennois. Hamid Chebout, coordinateur de l’union départementale (UD) tient ces détails de l’épouse de son camarade, qu’il a eue au téléphone. Les policiers auraient évoqué l’accusation d’« apologie du terrorisme suite à un tract de l’UD ».
La secrétaire administrative de la CGT du Nord, une salariée sans responsabilité politique au sein de l’organisation, a, elle aussi été arrêtée à son domicile, à Hazebrouck. Tous deux ont aussitôt été emmenés au commissariat de Lille. Les communiqués publiés ces derniers jours par la CGT du Nord sur la situation en Palestine et en Israël se prononcent « pour la justice et pour la paix », « s’incline (nt) devant toutes les victimes civiles » et dénoncent les « horreurs de l’occupation illégale » de la Palestine. « On condamne toutes les atteintes aux victimes civiles », insiste Hamid Chebout, fustigeant « la politique israélienne ». « La CGT défend la paix mais n’est pas neutre », ajoute-t-il.

« Jean-Paul aurait pu être convoqué, c’est un représentant syndical connu »
Quant à la forme, Hamid Chebout condamne un déploiement de force « disproportionné » : « Jean-Paul aurait pu être convoqué, c’est un représentant syndical connu. On continuera à soutenir les Palestiniens et à demander la libération de Georges Ibrahim Abdallah. »
Dès la nouvelle des deux arrestations connue, la CGT du Nord a appelé à un rassemblement devant le commissariat de Lille, auquel ont répondu plusieurs dizaines de militants CGT et de Solidaires : la secrétaire du PCF du Nord Karine Trottein, les députés FI Adrien Quatennens, David Guiraud et Ugo Bernalicis, l’antenne régionale de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS)… Le communiqué du PCF du Nord dénonce l’arrestation de « militants syndicaux pacifistes », affirme « la nécessité d’un cessez-le-feu » au Proche-Orient et appelle « à la désescalade des tensions dans notre pays ». Celui de Solidaires Nord souligne que « les syndicalistes ne sont pas des terroristes » et fustige l’interdiction de « nombreuses manifestations pacifiques en France ces derniers jours ».

« Le gouvernement cherche à masquer la colère sociale »
Au milieu des drapeaux et des parapluies, les prises de parole se succèdent. « L’arrestation de Jean-Paul est notre arrestation à tous », estime au micro Saïd Bouamama, au nom du Front uni des immigrations et des quartiers populaires. « Le gouvernement a peur » et « cherche à masquer la colère sociale », analyse-t-il. « Nous ne nous tairons pas, quelles que soient les menaces et les poursuites », assure pour sa part Mireille, au nom de l’AFPS, qui pointe la politique de « l’État colonial israélien », qui maintient toute une population « sous blocus ».

L'Humanité du 20 octobre 2023



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