Kamel Aïssat, professeur de biologie à l’université de Batna

 

Poursuivi pour avoir alerté, avec d’autres scientifiques, sur un potentiel désastre environnemental aux portes de la Méditerranée, Kamel Aïssat, professeur de biologie à l’université de Batna, dans l’ouest de l’Algérie, a été placé, le 16 juillet, sous contrôle judiciaire par un juge d’instruction du tribunal d’Amizour. Au cœur de ces poursuites, son engagement, avec d’autres chercheurs revendiquant une « responsabilité ­morale », en faveur d’une expertise indépendante sur un projet minier dans la vallée de la Soummam, une zone humide protégée par la convention Ramsar que l’Algérie­ a ratifiée en 1984.
Ce projet porte sur l’exploitation par la multinationale Terramin, dans le cadre d’une joint-venture australo-­algérienne, avec l’entreprise Western Mediterranean Zinc Spa (WMZ), créée en 2006 et détenue à 51 % par l’État ­algérien, d’une grande mine de zinc et de plomb sur les communes de Tala Hamza et Oued Amizour. Une région densément peuplée, abritant une nappe phréatique vitale, ­d’importance nationale. Cette zone offre par ­ailleurs un habitat encore vivable à des ­espèces protégées, comme la loutre européenne. Et l’embouchure de la Soummam concentre 36 % de la biodiversité des poissons d’eau douce en Algérie. Or la loi minière de 2014 ­interdit toute activité­ minière sur des sites protégés.
Kamel Aïssat a été sollicité comme scientifique, avec d’autres experts, par des populations de la région hostiles à ce projet minier, dont elles redoutent les conséquences sur la santé humaine et les écosystèmes. Kamel Aïssat demandait simplement à faire entendre sa propre expertise de biologiste spécialisé dans le développement rural durable. Une prochaine audience devrait bientôt décider, ou non, du placement sous mandat de dépôt de ce défenseur de l’environnement.

Rosa Moussaoui
L'Humanité du 19 juillet 2023

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