Ce que nous avons vu et lu concernant le meurtre de Zeinab, tué par son criminel de mari, et les propos proférés par le frère de la victime nous ont fait revenir une quinzaine d’années plus tôt, du temps où la la loi libanaise mettait encore ces crimes sous le tire de « crimes d’honneur ».
Nous avons longtemps milité, surtout après la création de la « Rencontre nationale pour l’élimination de la discrimination contre la femme libanaise », afin de supprimer l’article 562 du Code pénal qui garantissait une peine minimale aux criminels et qui constitua une échappatoire à ceux qui tuaient leurs femmes ou leurs mères et sœurs.
Cependant, l’abrogation de l’article 562 n’a malheureusement pas mis fin aux féminicides ; bien au contraire, nous notons la recrudescence de ces crimes durant les quelques dernières années sans que les autorités (les forces de sécurité et la justice) se mobilisent pour autant afin d’y faire face en prononçant des jugements sévères contre les criminels. Et c’est, d’ailleurs, cette mansuétude qui fut à la base de la mort de Zeinab Zouaiter ; et c’est elle aussi qui aida à ce que les féminicides se développent dans toutes les régions libanaises.
Cependant, la cruauté de ce dernier crime dépasse l’entendement, surtout si nous prenons en considération les vidéos qui montrent le frère de la victime se vantant que son beau-frère « a bien fait de laver l’honneur de la famille» que sa sœur avait mis en péril parce qu’elle s’était prise en photo tète nue, surtout que la famille de la victime et les membres de son entourage ont aidé le criminel à fuir avec ses trois enfants devant lesquels il avait tué Zeinab.
En même temps, nous n’avons pas entendu un(e) seul(e) député(e) ou ministre (tous occupés à s’insulter à propos d’une décision banale de retarder l’heure d’été de quelques semaines) dénigrer ce crime, comme si ce qui venait de se passer était un fait divers sans importance.
Voilà pourquoi, nous appelons les juges honnêtes, peu nombreux il est vrai, mais en qui nous voyons encore une lueur d’espoir pour notre pays, à se mobiliser afin de mettre la main sur le criminel et tous ceux qui l’ont aidé. Nous appelons aussi le mouvement des femmes libanaises à se regrouper face à ces crimes.
Marie Nassif-Debs
Présidente de l’association « Egalité – Wardah Boutros »
28 mars 2023
(La réunion du Comité de direction de l’association a décidé d’adopter la position de sa présidente qui fut publié le 28 mars par la journaliste Rosette Fadel au quotidien « An Nahar »
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