Israël réhabilite quatre colonies évacuées en 2005

 

La coalition a voté l'annulation du retrait de quatre colonies de Cisjordanie.Certains envisagent même de restaurer la présence juive dans la bande de Gaza.
La Knesset a voté, mardi, l'annulation de la loi sur le Désengagement de colonies en Cisjordanie - Homesh, Sa-Nur, Ganim et Kadim - opérée à l'été 2005, parallèlement au retrait des civils et de l'armée de la bande de Gaza. Les familles évacuées pourront donc s'y réinstaller, sous réserve d'un accord de l'armée.
C'est le cas notamment de la députée Limor Son Har Meleh de Puissance juive - le parti d'Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale - qui avait été contrainte de quitter Homesh, dont toutes les maisons avaient été détruites. Pour elle, c'est une revanche et une première étape car son objectif est de restaurer une présence juive dans la bande de Gaza. Le retrait de 2005 fut « un terrible acte de folie et est devenu un nid de terreur », précise-t-elle.

« Correction historique »
Depuis, elle et d'autres habitants de Homesh, une colonie établie à partir de 1978 sur des terres privées palestiniennes et très isolée au nord de la Cisjordanie, ont tenté à plusieurs reprises de s'y réinstaller ; ils en furent délogés par l'armée. Mais cette fois, la coalition, dirigée par Benjamin Netanyahou, légalise ce retour et nul doute que les anciens seront rejoints par d'autres.
Pour Bezalel Smotrich, ministre des Finances, et président du Parti national religieux, le texte voté mardi est une « correction historique ». La veille, lors d'un discours fait à Paris devant une assemblée réunissant certains membres de la communauté juive, ce dernier avait déclaré « il n'y a pas de nation palestinienne » . Le tout devant une carte d'Israël englobant une bonne partie de la Jordanie, ce qui a aussitôt provoqué l'ire des responsables jordaniens.
Ce vote et ces propos interviennent alors que, dimanche, dirigeants israéliens et palestiniens s'étaient rencontrés à Charm el-Cheikh, aux côtés de délégations égyptienne, jordanienne et américaine, afin de désamorcer les tensions susceptibles d'éclater à l'occasion du Ramadan, qui commence mercredi soir.
Or, l'un des engagements réciproques pris était de « freiner et contrer la violence, l'incitation et les déclarations et actions incendiaires », et pour les Israéliens celui « d'arrêter la discussion de toute nouvelle unité de colonisation pendant quatre mois et d'arrêter l'autorisation de tout avant-poste pendant six mois », selon le communiqué commun émis par le ministère jordanien des Affaires étrangères.
D'après une source américaine, c'est la rencontre la plus positive qu'il y ait eue entre Israéliens et Palestiniens depuis 2013. Quelques heures après, ce sommet était loué par le président américain Joe Biden, lors d'une conversation téléphonique qu'il a eue avec Benjamin Netanyahou.
En revanche, le président américain a renouvelé ses appels à trouver un compromis sur la fameuse réforme judiciaire. La conversation a duré 45 minutes, mais le Premier ministre israélien n'est toujours pas invité à la Maison-Blanche. A défaut, il va continuer sa tournée européenne. Après Paris, Rome et Berlin, ce sera Londres où il doit se rendre ce jeudi.

Catherine Dupeyron
Les Échos du 22 mars 2023

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