Le Liban, où la crise économique
s’aggrave de jour en jour, vit « un moment très dangereux », a averti
jeudi un responsable du Fonds monétaire international, déplorant la
lenteur de la mise en oeuvre des réformes par les responsables
politiques.
« Nous pensons que le Liban se trouve à un moment très dangereux, à la
croisée des chemins », a déclaré lors d’une conférence de presse Ernesto
Ramirez Rigo, au terme d’une mission à Beyrouth.
« Le processus de mise en oeuvre » des réformes nécessaires « a été très
lent », a ajouté le responsable, prévenant que « la politique
d’inaction va laisser le Liban plongé dans une crise sans fin ».
Le FMI a annoncé en avril 2022 un accord de principe avec Beyrouth pour
une aide de trois milliards de dollars, échelonnée sur quatre ans mais
conditionnée à la mise en oeuvre de réformes, dont une évolution de la
loi sur le secret bancaire ou une restructuration du secteur bancaire
ainsi qu’une loi sur le contrôle des capitaux.
Ce n’est pas la première fois que le Fonds dénonce la lenteur des autorités libanaises dans la mise en place de ces réformes.
« Le temps passe, cela fait presque un an que nous sommes parvenus à un
accord », a déploré le responsable du FMI. « Les Libanais ont fait des
progrès, mais malheureusement ces progrès sont très lents ».
Depuis 2019, le Liban est plongé dans une profonde crise économique
imputée par une grande partie de la population à la mauvaise gestion, la
corruption, la négligence et l’inertie d’une classe dirigeante en place
depuis des décennies.
La monnaie locale a perdu plus de 98% de sa valeur par rapport au dollar
sur le marché parallèle, tandis que des restrictions bancaires
draconiennes empêchent les épargnants d’avoir librement accès à leur
argent.
Mercredi, des centaines de Libanais, dont un grand nombre de militaires à
la retraite, ont manifesté à Beyrouth contre la détérioration des
conditions de vie et l’effondrement vertigineux de la monnaie nationale,
avant d’être dispersés à coups de gaz lacrymogènes par les forces de
l’ordre.
Agence France-Presse du 23 mars 2023
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