Une femme irakienne berce son bébé qu'elle a suspendu en hauteur pour le protéger des serpents et des scorpions, le 5 juin 2017 dans le camp Al-Khazer en Irak (afp) |
Dans le camp d'Al-Khazer, les déplacés irakiens ont peut-être échappé aux combats et aux jihadistes du groupe Etat islamique mais doivent affronter d'autres ennemis comme les serpents et scorpions qui pullulent dans ces secteurs désertiques, mettant notamment en danger les jeunes enfants.
Quelque 32.000 personnes ayant fui les violences à Mossoul, où les forces irakiennes mènent depuis octobre une offensive visant à déloger l'EI, logent dans les 7.000 tentes de ce camp situé au sud-est de la deuxième ville du pays.
La température oscillant entre 40 et 45 degrés celcius en cette saison à Mossoul, favorise l'émergence d'un tas de reptiles, dont certains venimeux qui sèment la panique.
Louaï Mohamed Youssef a dû bricoler pour sa petite fille un lit bébé à partir d'un cageot en plastique et l'a suspendu avec des cordes au milieu de la tente pour éviter ces visiteurs non grata.
Dans son berceau suspendu, Siham, qui n'a que 40 jours, dort paisiblement dans son body sans manche.
"Je ne pouvais pas lui offrir un véritable lit car je n'en ai pas les moyens. Je lui ai donc confectionné ce berceau", affirme à l'AFP Louaï, 22 ans, qui est arrivé il y a un mois dans le camp avec sa femme et son bébé.
"Elle cesse de crier (...) quand je la fait dormir" dedans, ajoute-t-il.
Le lit est suspendu en l'air pour éviter les morsures de reptiles, explique t-il. "Au début, elle dormait par terre, mais j'ai eu peur un jour lorsque j'ai vu un mille-pattes s'approcher d'elle".
"J'ai paniqué à l'idée qu'elle puisse être un jour mordue par un reptile", assure-t-il.
Le nombre de scorpions, serpents et autres reptiles venimeux augmente au fur et à mesure que la chaleur devient plus accablante. "Nous n'y pouvons rien", affirme Louaï avec résignation.
Ces dernières semaines, les habitants du camp ont paniqué en voyant le nombre de ces reptiles augmenter.
Dans une clinique de l'International Medical Corps à al-Khazer, Mohanned Akram, un pédiatre affirme examiner des dizaines de patients chaque jour, dont de nombreux enfants.
Il dit constater l'augmentation ces dernières semaines du nombre de morsures et, il y a quelques jours, il a soigné un enfant mordu par un scorpion.
Nawar Hassan Hussein dit ne pas fermer l’œil craignant que des insectes ou reptiles ne s'en prennent à sa fille de six mois qui dort par terre.
Cet homme de 22 ans raconte que les jeunes enfants souffrent aussi de la chaleur, l'obligeant, lui et sa famille, à rester cloîtré sous la tente.
"Ma fille souffre de la chaleur et faute d'électricité dans le camp, le climatiseur qui a été fourni par l'administration du camp est inutilisable", regrette Nawar.
Selon Mohanned Akram, des dizaines de déplacés sont par ailleurs affectés par la gale en raison de la chaleur et des mauvaises conditions d'hygiène.
"Nous avons recensé des centaines de cas de cette maladie, nous avons prodigué les soins nécessaires ainsi que des conseils car la gale est contagieuse".
Des campagnes de sensibilisation pour combattre ces maladies sont parallèlement menées dans les camps, a indiqué à l'AFP Dastan Mansour, un responsable du camp d'Al-Khazer.