Israël à l'Eurovision : l'Islande devient le cinquième pays à se retirer de l'événement, la France se félicite d’avoir « contribué à empêcher un boycott »

 

L’Union européenne de Radio-Télévision (UER) a officialisé la présence d’Israël lors de l’Eurovision 2026, prévu en mai prochain. De quoi pousser l’Espagne, les Pays-Bas, l’Irlande et la Slovénie, puis l'Islande, à boycotter l’événement en soutien au peuple palestinien, victime d’un génocide. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a préféré se féliciter « que la France ait contribué à empêcher un boycott d’Israël ».
En une décision, prise lors de son assemblée générale, l’Union européenne de Radio-Télévision (UER), chargée de l’organisation de l’Eurovision, s’est tirée une balle dans le pied. L’organisme, appuyé par un grand nombre de pays participants, a décidé d’officialiser la présence d’Israël lors de l’édition 2026, rejetant les demandes de vote de plusieurs pays participants.
Lors de l’assemblée générale, tenue jeudi 4 décembre, à Genève, « une large majorité » des diffuseurs a « convenu de ne pas organiser un vote sur la participation » de Tel-Aviv. Des modifications du règlement ont néanmoins été annoncées, pour « renforcer la confiance, la transparence et la neutralité de l’événement ». Le président israélien, Isaac Herzog, s’est dit « satisfait » de cette décision, lui qui considère que son pays « mérite d’être représenté sur toutes les scènes du monde ».

L’un des « cinq grands » financeurs de l’Eurovision
Malgré le génocide dans la bande de Gaza, la colonisation de la Cisjordanie et les multiples bombardements sur le Liban, la Syrie ou encore l’Iran, l’UER et plusieurs de ses membres continuent de soutenir une présence israélienne lors de l’événement musical. En signe de protestation, quatre pays – l’Espagne, les Pays-Bas, l’Irlande et la Slovénie – ont annoncé, via leurs diffuseurs respectifs, leur retrait de l’édition 2026, prévue à Vienne, du 12 au 16 mai prochain.
La télévision publique islandaise RUV est devenu le cinquième diffuseur à se retirer, comme annoncé mercredi 10 décembre, dans un communiqué.  « Compte tenu du débat public dans le pays et des réactions à la décision de l’UER prise la semaine dernière, il est clair que ni la joie ni la paix ne prévaudront » dans ces conditions, a annoncé la chaîne publique.
Des départs signifiants, symboliquement comme économiquement : l’Espagne est l’un des « cinq grands » financeurs de l’Eurovision (avec la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie), l’Irlande a remporté sept fois le concours et les Pays-Bas cinq fois. De quoi laisser penser au quotidien espagnol El Pais que l’on assiste à la « plus grave crise de l’histoire du concours ».
« La situation à Gaza, malgré le cessez-le-feu et l’approbation du processus de paix, ainsi que l’utilisation du concours à des fins politiques par Israël, rendent de plus en plus difficile le maintien de l’Eurovision en tant qu’événement culturel neutre », a réagi le secrétaire général de la chaîne de télévision publique espagnole RTVE, Alfonso Morales. À Dublin, le groupe audiovisuel public irlandais RTE a dénoncé les « pertes humaines effroyables à Gaza ». Le diffuseur néerlandais, Avrotros, a enfin évoqué une « incompatibilité » de ses valeurs avec la participation d’Israël.
Les diffuseurs ont peu de jours pour se décider : l’UER presse pour que la liste finale des participants soit officialisée « avant Noël ». De nouveaux boycotts pourraient donc être annoncés. De même pour la RTBF, en Belgique, qui doit statuer sur sa participation dans les prochains jours.

Tom Demars-Granja
L'Humanité du 11 décembre 25

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