Il était une fois...

 


Il était une fois... ainsi commencent tous les contes, y compris ceux de Noël. Le but étant de faire rêver les enfants.
Mais alors, la question que je me pose est toute simple: Quel conte raconter à un enfant de Gaza ?
Je pourrais commencer aussi par: "Il était une fois..."
Mais quelle serait la suite ?
"Qu'y avait-il autrefois ?"
Et puis et surtout: "Qu'est ce qui pourrait encore faire rêver un enfant de Gaza ?"
La formule magique n'opère plus. Elle n'a plus prise sur l'imagination. La réalité vécue écrase toute conscience. Les besoins sont basiques. Les ventres sont creux, les gorges sont sèches, les plaies sont ouvertes, la peur domine, les yeux ne se ferment plus, les cœurs battent au ralenti, le froid envahi le corps jusqu'au squelette et le silence règne.
L'enfant n'entend plus. L'enfant n'écoute plus. L'enfant ne rêve plus.
J'ai beau répéter : "Il était une fois...", l'enfant de Gaza me fixe du regard.
A quoi pense-t-il ?
Dehors, la pluie ne cesse de tomber. L'eau pénètre de partout. Un tonnerre gronde à moins que ça soit un avion de combat qui survole l'hôpital.
L'enfant ne bouge plus. Plus aucun souffle n'agite ses lèvres. Les yeux, grands ouverts sur le néant, sont vides. Ils n'expriment plus aucun regard.
Il ne sert plus à rien de chercher la suite du conte.
L'enfant de Gaza n'est plus. Je lui baisse les paupières et recouvre son corps d'un drap blanc, avant de sortir dans la cour faire quelques pas sous la pluie.
Il fait nuit noire jusqu'à l'horizon le plus lointain et pourtant c'est Noël !

Par Roland RICHA
Le 25 décembre 2025. 

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