L’Institut Max-Planck de recherche démographique estime qu’au moins 100 000 Palestiniens de Gaza ont été tués par l’armée israélienne, depuis octobre 2023. Un génocide qui aura des conséquences durables, alors que l’espérance de vie dans l’enclave ravagée a chuté de 47 % sur l’année 2024.
Entre la multiplication des bombardements, l’instrumentalisation d’une famine et le maintien d’un blocus pendant près de deux ans, le bilan humain du génocide perpétré à Gaza par l’armée israélienne est difficilement quantifiable. Selon une nouvelle étude, publiée mardi 25 novembre par l’une des principales institutions scientifiques allemandes, l’Institut Max-Planck de recherche démographique (MPIDR), au moins 100 000 Palestiniens auraient été tués par Israël dans la bande de Gaza. Un total bien plus élevé que celui avancé par le ministère palestinien de la Santé, qui s’approche des 70 000 morts.
Dans une précédente étude, réalisée en lien avec le Centre d’études démographiques (CED) allemand, le MPIDR estimait que 78 318 Palestiniens avaient été tués à Gaza, entre le 7 octobre 2023 et le 31 décembre 2024. « Les auteurs ont constaté qu’au 6 octobre 2025, le nombre de morts liés au conflit à Gaza avait probablement dépassé les 100 000 », annonce l’institut de recherche.
Fondé sur des données publiques
L’équipe de chercheurs a fondé ses estimations sur des données issues de plusieurs sources publiques. Ils se sont notamment appuyés sur les données du ministère de la Santé de Gaza, du Centre d’information israélien pour les droits de l’homme dans les territoires occupés (B’Tselem), du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), du Groupe interinstitutions de l’ONU pour l’estimation de la mortalité infantile (UN-IGME) et du Bureau central palestinien des statistiques (PCBS).
« En raison de cette mortalité sans précédent, l’espérance de vie à Gaza a chuté de 44 % en 2023 et de 47 % en 2024, par rapport à ce qu’elle aurait été sans la guerre », ajoute Ana C. Gómez-Ugarte, l’un des auteurs de l’étude. Soit une perte respective de 34,4 et 36,4 ans, estiment-ils. La répartition par âge et par sexe des décès violents à Gaza, entre le 7 octobre 2023 et le 31 décembre 2024, était quant à elle « très similaire aux profils démographiques » observés lors de plusieurs génocides documentés par l’ONU.
« Nos estimations de l’impact de la guerre sur l’espérance de vie à Gaza et en Palestine sont significatives, mais ne représentent probablement qu’une estimation minimale de la mortalité réelle, rappelle Ana C. Gómez-Ugarte. Notre analyse porte exclusivement sur les décès directement liés au conflit. Les effets indirects, souvent plus importants et plus durables, ne sont pas quantifiés dans nos calculs. » De quoi rappeler que l’ampleur réelle du massacre reste encore à déterminer.
Tom Demars-Granja
L'Humanité du 26 novembre 25

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