Une vingtaine de camions devraient pouvoir accéder à la bande de Gaza via l’Égypte, afin de venir en aide à des civils privés d’eau, de nourriture et de médicaments. © AFP/SAID KHATIB |
Les premiers camions devraient passer, vendredi, par Rafah, ville du Sud située à la frontière avec l’Égypte. Leur nombre est néanmoins largement insuffisant, selon Martin Griffiths, coordinateur de l’ONU pour les affaires humanitaires.
Walid et sa famille ont quitté leur village d’Abasan, non loin de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Ils n’ont pas reçu un de ces fameux ordres d’évacuation lancés par Israël via des messages téléphoniques ou des tracts largués par avion. Mais l’intensité des bombardements est tel depuis le début de la guerre lancée par Israël en riposte aux attaques terroristes du Hamas, le 7 octobre, qu’ils ont dû se rendre à l’évidence : il fallait partir.
Désormais déserte, cette petite localité collée à la frontière avec Israël est régulièrement la cible d’incursions terrestres de l’armée israélienne. Comme Walid, tous les habitants se sont abrités non loin de là, dans une école de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient. Un refuge qui demeure bien précaire.
Le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a révélé, mardi, qu’au moins 6 personnes avaient été tuées et des dizaines d’autres blessées dans un bombardement israélien qui avait visé une des écoles abritant des milliers de personnes déplacées dans le camp de réfugiés de Maghazi, au centre de la bande de Gaza.
Des dizaines de camions bloqués
« Nous rationnons le peu d’eau qui nous a été distribué, la nourriture se fait rare », témoigne Walid, joint par téléphone. Autant dire qu’il attend avec impatience l’aide humanitaire, comme les 2,4 millions de Gazaouis également privés d’électricité depuis le siège imposé par Israël dès le 9 octobre.
Les marchandises devraient commencer à transiter par Rafah dans les prochaines heures. « Le président égyptien Abdel Fattah Al Sissi et le président américain Joe Biden se sont mis d’accord sur l’acheminement de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza via le terminal de Rafah, de manière durable », a affirmé le porte-parole de la présidence égyptienne, Ahmed Fahmy.
En attendant, des dizaines de camions de l’aide internationale patientent depuis plusieurs jours à la frontière égyptienne. S’ils n’ont pas pu passer le corridor, c’est en raison des « bombardements israéliens », selon le président Sissi. À quatre reprises depuis une dizaine de jours, le point de passage a été visé. Vraisemblablement, l’aide ne pourra pas arriver avant ce vendredi, la route d’accès ayant été partiellement détruite par des frappes.
Une aide qui transitera exclusivement par l’Égypte
Selon Joe Biden, dans un premier temps, 20 camions pourront traverser. Un convoi largement insuffisant étant donné les besoins de la population en eau, nourriture ou médicaments. « Nous devons commencer par un nombre important de camions et atteindre les 100 véhicules par jour. C’était autrefois le cas du programme d’aide à Gaza », a fait savoir sur CNN Martin Griffiths, coordinateur de l’ONU pour les affaires humanitaires.
Auparavant, le président états-unien avait assuré qu’Israël avait donné son feu vert à l’opération. « Israël n’empêchera pas l’aide humanitaire depuis l’Égypte tant qu’il s’agit de nourriture, d’eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza », a confirmé le bureau de Benyamin Netanyahou. À une condition, cependant, émise par Tel-Aviv : cette aide ne transitera pas par son territoire, tant que les otages détenus par le Hamas ne seront pas libérés.
L'Humanité du 19 octobre 2023
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