Des travailleurs déchargent des sacs d’aide dans un entrepôt près du poste-frontière syrien de Bab Al-Hawa, le 10 juillet 2023. OMAR HAJ KADOUR / AFP |
La voie majeure permettant l’accès de l’aide humanitaire aux populations du nord-ouest de la Syrie s’entrouvre de nouveau. Damas « a pris la décision souveraine d’autoriser les Nations unies et ses agences spécialisées à utiliser le point de passage de Bab Al-Hawa pour apporter l’aide humanitaire aux civils dans le besoin dans le nord-ouest de la Syrie, en pleine coopération et coordination avec le gouvernement syrien pour une période de six mois à partir du 13 juillet », a déclaré à la presse, jeudi 13 juillet, l’ambassadeur syrien aux Nations unies (ONU), Bassam Sabbagh.
Ce dernier a transmis un courrier en ce sens au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et au Conseil de sécurité. « Nous venons de recevoir la lettre et nous l’étudions », a fait savoir à l’Agence France-Presse Stéphane Dujarric, porte-parole d’Antonio Guterres.
Un mécanisme créé en 2014 permettait à l’ONU d’acheminer de l’aide humanitaire aux populations des zones rebelles du nord-ouest de la Syrie, sans autorisation du gouvernement syrien, qui dénonçait régulièrement une violation de sa souveraineté. Au départ, il prévoyait quatre points de passage, mais après des années de pression, en particulier de Moscou, allié du régime syrien, seul le poste de Bab Al-Hawa, entre la Turquie et la Syrie, était resté opérationnel et son autorisation avait été réduite à six mois renouvelables. Mais le mécanisme a expiré lundi, après l’échec du Conseil à le prolonger, provoquant la fermeture du poste-frontière aux camions de l’ONU.
« La priorité est que l’aide puisse à nouveau passer, rapidement, pour les personnes qui en ont besoin – et ensuite [d’]assurer son avenir », a commenté, dans un communiqué, l’ambassadrice britannique, Barbara Woodward, qui préside le Conseil de sécurité en juillet.
« Mais, sans surveillance de l’ONU, le contrôle de cette voie vitale est confié à l’homme responsable de la souffrance du peuple syrien », a-t-elle déploré, notant que la surveillance prévue dans la résolution de l’ONU rejetée mardi permettait d’éviter que l’aide ne soit « détournée ».
Une « obstruction », selon Damas
En raison des besoins encore plus criants depuis les séismes de février, l’ONU, les humanitaires et une majorité de membres du Conseil insistaient pour une prolongation d’au moins un an pour permettre une meilleure planification de l’aide. Face à l’opposition de la Russie, qui demandait seulement six mois, un compromis de neuf mois avait été soumis au vote du Conseil mardi. Compromis auquel la Russie a mis son veto, empêchant son adoption malgré une large majorité en faveur de la proposition.
Le Conseil avait également largement rejeté un texte russe concurrent qui prévoyait une prolongation de six mois, mais qui mettait aussi en cause les sanctions occidentales imposées à la Syrie. L’ambassadeur syrien a qualifié jeudi ce rejet de la résolution russe d’« obstruction », en annonçant que son gouvernement avait décidé d’ouvrir Bab Al-Hawa « à la lumière de l’intransigeance de certains Etats membres du Conseil de sécurité et de leur persistance à refuser d’introduire de véritables améliorations » au mécanisme d’aide transfrontalier.
« Le gouvernement syrien souligne une nouvelle fois que les Nations unies et ses représentants et [ses] personnels ne doivent pas communiquer avec les organisations et [les] groupes terroristes du nord-ouest de la Syrie », a-t-il insisté, répétant un argument régulier de Damas pour s’opposer au mécanisme de l’ONU.
Quatre millions de personnes dans le besoin
Selon l’ONU, 4 millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie, des femmes et des enfants pour la plupart, ont besoin d’aide humanitaire pour survivre après des années de conflit, de chocs économiques, d’épidémies et de pauvreté grandissante, aggravée par des séismes dévastateurs. Le mécanisme qui a expiré lundi permettait d’aider 2,7 millions de personnes chaque mois.
Malgré cette expiration, deux autres points de passage sont toujours opérationnels, autorisés directement par le président Bachar Al-Assad après les séismes de février. Mais le poste frontière de Bab Al-Hawa voit transiter 85 % de l’aide humanitaire de l’ONU vers les zones rebelles.
Interrogé sur l’avenir des deux points de passage de Bab Al-Salam et Bab Al-Raee, dont l’autorisation expire le 13 août, l’ambassadeur syrien a estimé qu’il y avait encore « le temps » pour évaluer la situation et prendre une décision.
Afp du 14 juillet 2023
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