Depuis 39 ans en prison, libérable depuis 1999, le militant communiste libanais va-t-il sortir du centre pénitentiaire de Lannemezan ?
Les voix sont de plus en plus nombreuses à l’exiger. Des parlementaires ont signé un appel et une dizaine d’organisations qui ont saisi le président de la République pour « en finir avec une détention dont la durée est une honte pour la France ».
Georges Ibrahim Abdallah a déposé le 8 juin dernier une nouvelle demande de liberté conditionnelle devant le tribunal d’application des peines antiterroriste (Tapat), a annoncé son avocat Me Jean-Louis Chalanset. Le militant communiste libanais, condamné à la perpétuité en 1987 pour complicité d’assassinat de diplomates américain et israélien est libérable depuis 1999. Mais ses neuf demandes de libération conditionnelle ont toutes été rejetées.
À chaque fois les pressions américaines et israéliennes ont été fortes pour empêcher la levée de sa détention. Et, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait refusé de signer un avis d’expulsion qui aurait définitivement rendu sa liberté à Georges Ibrahim Abdallah.
Un grand débat organisé à la Fête de l’Humanité
Son nom, largement méconnu du grand public jusqu’ici et tu par les grands médias - à l’exception de l’Humanité - apparaît maintenant dans toutes les manifestations pour les droits humains et les droits des Palestiniens. Le comité de Tarbes qui, depuis des années, mène la bataille, a réussi à briser le mur du silence. Des parlementaires sont venus rendre visite à Georges Ibrahim Abdallah. Début août, le président du groupe communiste à l’Assemblée nationale, André Chassaigne se rendra au centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Un grand débat sera organisé à la Fête de l’Humanité, le dimanche 17 septembre.
Fin mai, 28 députés de gauche français ont signé une tribune réclamant sa libération. Le 30 juin, quatorze organisations (AFPS, LDH, MRAP, PCF…), ont envoyé une lettre à Emmanuel Macron pour lui demander de respecter la séparation des pouvoirs et faire prendre dès maintenant l’arrêté d’expulsion de Georges Abdallah. « Monsieur le Président de la République, nous vous demandons solennellement de ne pas manquer cette occasion d’en finir avec une détention dont la durée est une honte pour la France » , écrivent les signataires.
Sa défense a joint à sa demande de « libération-expulsion » un courrier des autorités libanaises s’engageant à le prendre en charge dès sa sortie de détention, pour le ramener au Liban, a précisé Me Chalanset. La date d’examen de la requête n’est pas encore fixée et ne devrait pas intervenir avant six à dix-huit mois, la procédure imposant que l’intéressé se soumette à diverses expertises et qu’une commission pluridisciplinaire donne un avis.
Pierre Barbancey
L'Humanité du 18 juillet 2023
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