Le gouverneur de la Banque du Liban entendu par des juges européens

 

Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé, soupçonné de plusieurs délits financiers, a été entendu jeudi pour la première fois par des juges européens dans le cadre d’une enquête portant sur sa richesse personnelle, a annoncé une source judiciaire.
Le gouverneur de la BDL est l’objet d’une série d’enquêtes judiciaires aussi bien dans son pays qu’à l’étranger, portant sur des soupçons de blanchiment d’argent et d’« enrichissement illicite ».
M. Salamé a répondu à 100 questions, fournissant des réponses « détaillées » et « réfutant tous les soupçons de blanchiment d’argent », a indiqué la source judiciaire à l’AFP qui a précisé que l’audition avait duré plus de cinq heures.
Selon elle, l’audition doit reprendre vendredi à 10h00 (08h00 GMT) et la délégation européenne devrait « poser 100 questions supplémentaires ».
Un journaliste de l’AFP a fait état d’un important dispositif de sécurité autour du Palais de justice à Beyrouth quand M. Salamé et son équipe de défense s’y sont présentés jeudi matin.
Mais selon la source judiciaire, le gouverneur a été interrogé seul, sans la présence d’avocats, conformément à sa demande.
Arrivé à la tête de la BDL en 1993, M. Salamé est accusé par de nombreux Libanais, comme une grande partie de la classe politique du pays, de corruption et d’être l’un des principaux responsables de la grave crise financière qui frappe le Liban.
En janvier, des enquêteurs de France, d’Allemagne et du Luxembourg avaient interrogé à Beyrouth des responsables du secteur bancaire sur des mouvements de fonds vers plusieurs pays où Riad Salamé dispose d’un important patrimoine.
En mars 2022, les trois pays avaient gelé 120 millions d’euros d’avoirs libanais à la suite d’une enquête visant cinq personnes dont le gouverneur de la BDL.
Selon la source judiciaire, les juges quitteront Beyrouth samedi et reviendront à une date non précisée pour interroger le frère du gouverneur de la BDL, Raja Salamé, et son ancienne assistante Marianne Hoayek.
Ces deux personnes ont également été convoquées dans le cadre d’une enquête au Liban portant sur plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds suspects opérés par le gouverneur et son frère.
Convoqué de nombreuses fois après une série de plaintes et d’enquêtes, M. Salamé nie catégoriquement toutes les accusations à son encontre.
L’audition était initialement prévue mercredi mais seul son avocat s’était présenté.
M. Salamé était absent, estimant « que la présence de juges internationaux au Liban et l’instruction de dossiers financiers le concernant vont à l’encontre de la souveraineté nationale », a indiqué la source judiciaire.
Mais la justice a rejeté cet argument et l’audition a été fixée pour jeudi, d’après cette source.
M. Salamé est entendu en tant que témoin dans le cadre de cette affaire, a indiqué une autre source judiciaire.

Agence France-Presse du 16 mars 2023

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire