La présence, à l’invitation de la ville de Lyon, de Salah Hamouri à une conférence d’échanges autour des 30 ans des accords d’Oslo, tentative avortée en faveur de la paix, provoque les foudres de la droite locale et du président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
« Dans le cadre de cette table ronde, Salah Hamouri, avocat franco-palestinien et défenseur des doits humains, viendra témoigner sur les conditions de détention, dénoncées par de nombreuses ONG et représentants français », écrit la ville de Lyon, dans un communiqué publié mardi.
Prévue le 1er février prochain, cette table ronde intitulée « Regards sur la Palestine », réunira également, Abaher El Sakka, sociologue et professeur associé à l’Université de Beir Zeit, Jean-Claude Samoulier, président d’Amnesty International France, Benoit Van Keirsbilck, membre du Comité des Droits de l’enfant des Nations-Unies.
Récemment expulsé de Jérusalem, sa ville natale, après des mois de « détention administrative » arbitraire, sans procès, sans même un chef d’inculpation, en totale infraction avec les règles de droit international et au mépris des initiatives diplomatiques françaises, Salah Hamouri peut en effet témoigner et apporter des éclairages sur le sort réservé aux prisonniers palestiniens.
Sa présence n’est pas du goût de la droite, laquelle préfère entretenir le flou sur la situation en Palestine et dédouaner systématiquement les autorités israéliennes. Le communiqué de la ville de Lyon a aussitôt déclenché une cascade de réactions virulentes, nourries d’amalgames et de mauvaise foi.
L’avocat Lyonnais Alain Jakubowicz, ancien président de la Licra, parle curieusement d’invitation « d’une seule partie » et de « provocation de la part d’une certaine mouvance des Verts qui font du militantisme actif sur le sujet ».
Le président de la Région, Laurent Wauquier attaque directement Salah Hamouri le qualifiant « d’incarnation même de la violence et de la haine antisémite » ( !)
La ville de Lyon rappelle pour sa part que cette rencontre est « alignée sur la position diplomatique française » conformément « à la politique étrangère défendue par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ».
Faute de se faire entendre par les autorités israéliennes, la diplomatie française avait en effet condamnée, le 18 décembre 2022, l’expulsion de Salah, la jugeant contraire au droit.
La réaction violente et haineuse de la droite lyonnaise intervient à un moment où, en Israël, des milliers de citoyens manifestent pour dénoncer l’installation de l’exécutif le plus à droite de l’histoire du pays, avec la participation de l’extrême-droite à des postes clé.
Les élus et autres qui dénoncent la table ronde organisée par la ville de Lyon préfèrent, eux, prendre le relais de la police et de l’armée israélienne pour interdire d’expression Salah Hamouri.
Nadjib Touaibia
L'Humanité du 26 janvier 2023
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