Liban: l'objectif des deux drones israéliens était d'"attaquer et non seulement de filmer".

Le ministre libanais de la Défense, Elias Bou Saab, lors d'une conférence de presse, jeudi 19 septembre 2019 à Yarzé, au cours de laquelle il a exposé les résultats de l'examen des restes des drones israéliens, qui avaient survolé la banlieue sud fin août, et l'enquête menée par l'armée sur cette affaire. AFP
Lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a exposé les résultats de l'enquête menée par l'armée libanaise, le ministre de la Défense a affirmé que le pays est désormais "prêt à se défendre".
Le ministre libanais de la Défense, Elias Bou Saab, a affirmé jeudi que l'objectif des deux drones israéliens, qui avaient survolé la banlieue sud de la capitale libanaise, le 24 août 2019, avant de s'écraser, était d'"attaquer et non seulement de filmer". Evoquant une "fabrication militaire avancée", le ministre a dit ne pas être en mesure d'identifier la cible exacte de "l'agression". Il a tenu ces propos lors d'une conférence de presse, au ministère de la Défense à Yarzé, au cours de laquelle il a détaillé le modus operandi de l'opération et exposé les résultats de l'examen des restes des drones et l'enquête menée par l'armée.
Le premier des deux drones s'était écrasé dans la banlieue sud, fief du Hezbollah, tandis que le second avait explosé en vol, peu après. Cet incident a provoqué une escalade des tensions entre le Hezbollah et Israël et des échanges de tirs de roquettes limités à la frontière. Mardi dernier, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait réitéré qu'il n'y aurait "aucune ligne rouge" pour défendre le Liban en cas d'attaque israélienne, affirmant toutefois qu'il respecterait la résolution 1701 des Nations unies, qui avait mis un terme à la guerre de 2006, opposant l'Etat hébreu au parti chiite.
Lors de sa conférence de presse, Elias Bou Saab a exhibé le premier appareil, qui avait chuté sur la banlieue sud de Beyrouth, et les restes du second, qui avait explosé dans les airs. Selon lui, "un des deux drones contenait 4,5 kilos d'explosifs, tandis que le second était composé de quatre bras et huit moteurs". "Le second appareil est arrivé au-dessus de la banlieue sud 42 minutes après le premier", a-t-il précisé.
Les informations récupérées sur le premier ont permis de déterminer que la mission avait débuté à "11,6 kilomètres au large de l'aérodrome de HaBonim" en Israël, a souligné le ministre, précisant que le "lancement" de l'appareil s'était ensuite fait à un peu plus de 4 kilomètres des côtes libanaises. Selon lui, le drone était piloté par l'intermédiaire d'un autre drone "de plus grande taille", qui se trouvait dans le secteur. Pour rejoindre sa cible, le premier drone a traversé le secteur de Jnah, dans la banlieue sud, près de l'aéroport de Beyrouth, d'après le ministre.
"L'objectif de ces drones était d'attaquer et non seulement de filmer", a insisté Elias Bou Saab, sans toutefois préciser quelle aurait été la cible d'une telle attaque. "Pour la première fois, des drones chargés d'explosifs ont survolé l'aéroport, mis en danger l'aviation civile et explosé dans les rues de la banlieue de Beyrouth", a-t-il martelé, estimant que l'incident était "la violation la plus grave" par Israël de la résolution 1701 de l'ONU, qui avait mis un terme à la dernière grande confrontation, en 2006, entre l'Etat hébreu et le Hezbollah. "Le Liban est désormais "prêt à se défendre", a-t-il ajouté, soulignant que ce droit à l'autodéfense se retrouve dans la déclaration ministérielle du gouvernement actuel.
Lors de son exposé, le ministre Bou Saab a par ailleurs réfuté "tout lien" entre l'affaire des drones et l'arrestation, il y a quelques jours, de Amer Fakhoury, un ancien cadre militaire de l'Armée du Liban-Sud, milice supplétive libanaise soutenue par Israël, désormais démantelée.  "D'après les informations dont nous disposons, le tribunal militaire avait jugé Amer Fakhoury en 1996, pour collaboration avec l'ennemi", a-t-il indiqué, affirmant que "l'armée libanaise ne fera preuve d'aucune compassion envers les collaborateurs qui ont tué et torturé des résistants et détenus".
La troupe s'était retrouvée la semaine dernière au centre du débat entourant l'arrestation de M. Fakhoury, suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d'une photo montrant ce dernier en compagnie du commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, lors d'une réception à l'ambassade libanaise à Washington, et après des informations rapportant que l'ancien responsable militaire de l'ALS avait été reçu à l'AIB et escorté jusqu'au bureau de la Sûreté générale au sein de l'aéroport, par un général libanais en exercice.
"Nous avons une liste de plus de 3.000 noms de personnes directement liées à la milice d'Antoine Lahd (ancien commandant de l'ALS)", a indiqué M. Saab, insistant sur le fait que "toute personne coupable de collaboration avec Israël sera jugée".


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