Le programme, le premier du genre, consiste en une formation rapide, notamment en électroménager, pour des Saoudiens qui ont la réputation d'être récalcitrants aux travaux manuels. (afp) |
Réparer une petite panne, remplacer une ampoule grillée ou planter un clou: des Saoudiens apprennent ces gestes pour réduire leur dépendance de la main d'oeuvre étrangère.
Les mains dans le cambouis, un groupe de Saoudiens s'affairent autour d'un moteur. L'atelier ne sert pas à la formation professionnelle, mais s'adresse à des adultes qui veulent apprendre comment se débrouiller avec une petite panne de voiture.
Le programme, le premier du genre, consiste en une formation rapide, notamment en électroménager, pour des Saoudiens qui ont la réputation d'être récalcitrants aux travaux manuels.
Il complète les efforts visant à diversifier l'économie après l'effondrement des prix du pétrole, principale source de revenus du royaume.
L'objectif est également de dissiper les idées fausses sur le refus des Saoudiens de se salir les mains pour effectuer de petites tâches.
"Je veux tout réparer dans ma maison", dit Mohammed al-Harbi, 29 ans, qui travaille dans une affaire familiale et a rejoint le programme au Lycée technique de Ryad.
"Je ne veux plus appeler quelqu'un pour le faire".
Le plus grand exportateur mondial de pétrole s'est lancé l'année dernière dans un vaste plan de diversification économique destiné à élargir la base industrielle du pays, à favoriser les PME et à stimuler l'emploi des Saoudiens.
Les nouveaux cours pour adultes ne sont pas destinés à qualifier les élèves pour le marché du travail, explique Ahmad Fahad al-Fahaid, qui dirige l'agence gouvernementale chargée de les conduire.
Ils devraient cependant les aider à développer des connaissances pour éviter d'avoir à se faire aider par des travailleurs étrangers, souligne M. Fahaid lors d'une visite à l'atelier de mécanique.
"Personne ne leur a appris, personne ne les a formés. C'est pourquoi nous sommes intervenus", ajoute-t-il.
La formation est gratuite, à part de petits frais d'inscription.
Selon les derniers chiffres officiels, près de 9 millions d'étrangers sont employés dans le pays qui compte 21 millions d'autochtones.
La chute des prix du pétrole depuis la mi-2014 a contraint l'Arabie saoudite à retarder de grands projets d'infrastructure, à réduire des avantages sociaux et à envisager d'introduire, pour la première fois, des taxes.
En parallèle, l'Arabie a offert aux travailleurs en situation irrégulière la possibilité de quitter le pays sans payer de pénalités.
Plus de 345.000 de ces travailleurs ont bénéficié de cette amnistie qui court jusqu'à fin juin, selon le quotidien Arab News.
Pour M. Fahaid, si les Saoudiens sont capables d'effectuer de petits travaux, les expatriés qui restent devraient avoir "les compétences pour apporter une valeur ajoutée" à l'économie.
Les Saoudiens en formation en redemandent.
"Nous avons appris comment effectuer la maintenance d'une voiture. Nous avons beaucoup appris", se félicite l'un d'eux, Ali al-Qasim, 26 ans, en observant l'huile s'égoutter d'une voiture soulevée sur un châssis.
Dans un autre coin, un étudiant réajuste le moteur d'un climatiseur démantelé sous l'oeil d'une quinzaine d'autres.
Pour Sultan Abdalla, la vingtaine, quatre cours du soir ne sont pas suffisants. Eduqué au Japon, il vient de perdre son emploi dans un ministère.
"Les jeunes n'ont pas de travail", se désole-t-il, en désignant, parmi les membres de son groupe, deux autres jeunes au chômage.
Les jeunes sont en "forte concurrence avec les travailleurs asiatiques et autres et ce serait bien qu'ils trouvent du travail", ajoute-il.
Mais les cours du soir ne sont pas de la formation professionnelle, qui est couverte par de nombreux autres programmes, rappelle M. Fahaid.
Le projet pilote suivi par 4.600 stagiaires a pris fin fin mai. Il devrait se poursuivre avec des offres plus élargies.
Pour les femmes, des formations sur les nouvelles technologies, la coiffure et le maquillage seront proposées.
"Beaucoup de Saoudiens sont désireux d'acquérir de nouvelles compétences", souligne M. Fahaid.
Parmi eux figurent Suliman al-Kuoboor, 52 ans. Cet ingénieur de l'armée de l'air est venu apprendre comment connecter un interrupteur électrique. Au lieu d'appeler un électricien, "je peux le faire moi même".