Des membres des Gardes de la révolution iraniens en patrouille après un double attentat suicide, le 7 juin 2017 à Téhéran (afp) Cliquez pour agrandir |
L'Iran a dénoncé comme "répugnante" la réaction de Donald Trump aux attentats meurtriers de Téhéran, après que le président américain a affirmé que ce pays accusé de soutenir le "terrorisme" récoltait ce qu'il semait.
Alors que le Département d'Etat a condamné ces attentats qui ont fait 13 morts et des dizaines de blessés, Donald Trump a estimé que "les Etats qui appuient le terrorisme risquent de devenir les victimes du mal qu'ils soutiennent".
Quelques heures plus tard, la réponse du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a fusé, cinglante.
"Le communiqué de la Maison Blanche et les sanctions du Sénat sont répugnants alors que les Iraniens font face à la terreur soutenue par les clients des Américains", a-t-il écrit jeudi sur son compte Twitter.
Parallèlement au communiqué de Donald Trump, le Sénat américain a en effet voté par 92 voix contre 7 de nouvelles sanctions à l'encontre de l'Iran pour "soutien à des actes de terrorisme international".
L'administration américaine a imposé de nouvelles sanctions contre l'Iran pour son soutien supposé à des groupes "terroristes" du Moyen-Orient, ses essais de missiles balistiques et ses atteintes aux droits de l'Homme.
Depuis l'entrée en fonction du président Trump en janvier, les relations entre Washington et Téhéran qui ont rompu tout lien diplomatique après la révolution islamique de 1979, n'ont cessé d'empirer.
Lors d'un récent voyage en Arabie saoudite, grande rivale sunnite de l'Iran chiite, Trump avait appelé toutes les nations "à isoler l'Iran".
Sur les réseaux sociaux, des Iraniens se sont également montrés outrés par son attitude au moment où leur pays est confronté aux premiers attentats revendiqués par l'Etat islamique (EI) sur leur sol.
Ils ont rappelé qu'au moment de l'attentat du 11 septembre 2001 contre le World Trade Centre à New York (3.000 morts), commis par des jihadistes d'Al-Qaïda, ils avaient allumé des bougies à Téhéran en hommage aux victimes.
La réaction de Trump qui a oublié ce mouvement de solidarité, c'est vraiment la "classe", a ironisé sur son compte Twitter Ali Ghezelbash, un économiste iranien.
Les attentats de Téhéran ont visé mercredi deux lieux hautement symboliques de la capitale iranienne, le Parlement et le mausolée de l'imam Khomeini, père fondateur de la République islamique d'Iran née en 1979.
Ils ont été commis par des hommes armés dont certains étaient déguisés en femmes, ainsi que par des kamikazes qui se sont fait exploser.
Les six assaillants sont morts et cinq personnes ont été arrêtées dans les heures qui ont suivi les attentats.
Leurs auteurs étaient des Iraniens ayant rallié l'EI, selon Reza Seifollahi, secrétaire-adjoint du Conseil national suprême de sécurité d'Iran.
"Il y a plusieurs dizaines de combattants iraniens" au sein de l'EI, "notamment en Irak, en Syrie et en Afghanistan", selon Clément Therme, de l'Institut International d'études stratégiques (IISS).
Les puissants Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime, ont accusé les Etats-Unis et l'Arabie saoudite d'être "impliqués" dans ces attentats.
Le guide suprême a tenu à minimiser les attaques, en les qualifiant de "pétards qui n'auront aucun effet sur la détermination du peuple iranien".
Dans une vidéo publiée en mars, l'EI avait menacé l'Iran, affirmant que le groupe allait conquérir ce pays, "le rendre à la nation musulmane sunnite" et provoquer un bain de sang chez les chiites.
Si ces dernières années certaines régions proches des frontières avec l'Irak, l'Afghanistan et le Pakistan ont été ciblées par des groupes armés, les grands centres urbains avaient jusqu'alors été épargnés.
C'est précisément près de ces frontières que vivent principalement les membres de la minorité sunnite d'Iran.