Quiconque pense que la question palestinienne n’est pas au cœur du conflit dans la région, entre la nation arabo-musulmane et l’entité coloniale, et même au cœur du conflit entre les forces de la domination impériale et les peuples du monde, doit réviser et remettre en question sa vision du monde et des conflits qui le secouent, après le scandale qui vient de secouer l’ONU.
Suite aux pressions exercées par l’entité sioniste et son parrain américain, et même peut-être par d’autres Etats impérialistes, le nouveau secrétaire général de l’ONU, le portugais António Guterres a exigé de l’ESCWA (United Nations Economic and Social Commission for Western Asia) et de sa directrice exécutive Rima Khalaf, de retirer le dernier rapport que cette agence de l’ONU vient de rédiger, et qui accuse l’entité coloniale sioniste d’Etat d’apartheid.
Mme Rima Khalaf a refusé d’obtempérer et a accusé le secrétaire général de l’ONU de se plier devant les pressions de ces Etats qui ne respectent pas les « valeurs défendues par l’ONU ». Elle a refusé de retirer le document du site internet de l’agence onusienne, considérant qu’il a été travaillé en toute conscience et qu’il mérite d’être connu. Pour ne pas subir de pressions, Rima Khalaf a démissionné de son poste, laissant le soin à son successeur de mesurer la portée des pressions exercées et de laisser agir sa conscience. Dans sa lettre de démission, Rima Khalaf explique qu’elle agit, non seulement en tant que directrice, mais surtout en tant qu’être humain qui défend les valeurs que l’ONU devrait défendre.
Une nouvelle fois, et de manière plus explicite que jamais, la politique du secrétariat général de l’ONU est dénoncée comme étant sioniste et impérialiste. Une nouvelle fois, cette politique hypocrite pratiquée par la direction de l’ONU est franchement dévoilée par la question palestinienne, et c’est à cette politique que se heurte la volonté des peuples luttant pour en finir avec le diktat des grandes puissances et pour la libération de leurs pays.
Mais le secrétariat général de l’ONU va mener sa propagande insidieuse, qui sera relayée par les médias internationaux, qui craignent de voir l’entité sioniste mise au ban des accusés. Cette propagande dira et commence à dire déjà que l’ordre de retirer le rapport n’est pas dû à son contenu ni à la dénonciation de l’entité sioniste, mais à cause de questions techniques. L’ONU va chercher à redorer son blason, ayant été largement dénoncée par les personnalités et les médias arabes, à commencer par les organisations palestiniennes (et même par l’Autorité de Mahmoud Abbas), par des partis arabes, comme le Hezbollah, qui a salué, par la voix de Sayyid Hassan Nasrallah, le courage de la directrice Rima Khalaf. La voix des peuples arabes dénonçant la politique sioniste de l’ONU va-t-elle atteindre les médias internationaux et contrer celle des sionistes et de leurs alliés impérialistes ?
La dénonciation de la direction de l’ONU aujourd’hui, doit ouvrir les yeux sur sa politique dans son ensemble, sa philosophie et sa conception de résolution des conflits dans le monde, que ce soit en Palestine, dans le monde arabe et musulman, et même ailleurs, ou par le biais de ses agences pseudo culturelles, éducatives, humanitaires et autres. C’est l’ONU qui a légitimé la colonisation d’une partie de la Palestine en 1947, pour installer l’entité coloniale. Et même quand l’AG de l’ONU vote favorablement pour les droits des peuples, et pour les droits légitimes du peuple palestinien, ces votes ne servent qu’à masquer l’inertie des uns et la collaboration des autres à l’invasion coloniale de la Palestine. Ce n’est pas en instaurant des journées mondiales par çi et par là que notre terre sera libérée, mais c’est plutôt en menant une résistance, armée et populaire, contre la présence de cette entité, que nos peuples seront libérés du diktat de l’arrogance mondiale. Et l’ONU est là précisément pour empêcher la voie de la résistance, en se cachant derrière le masque du droit international, qu’elle comprend en fonction de ceux qui la financent, soit en majorité les Etats impérialistes, qui proposent des solutions en fonction de leurs intérêts.
Il est vrai que le rapport de l’ESCWA dénonce l’entité sioniste comme un Etat d’apartheid, qui a divisé le peuple palestinien en plusieurs communautés et qui, en plus des guerres meurtrières qu’elle mène contre la bande de Gaza, soumet les Palestiniens vivant sous occupation à des pratiques racistes et ségrégationnistes dans tous les domaines de la vie, explicités dans le rapport. Cependant, ceci est un rapport d’une agence de l’ONU, qui a accepté de défendre les « valeurs de l’ONU » qui ne sont pas toujours celles des peuples en lutte pour leurs droits et leur liberté. Car, comme l’ont bien expliqué quelques auteurs Palestiniens et arabes suite à ce scandale qui éclabousse l’ONU, le système instauré par l’entité sioniste n’est pas de l’apartheid, mais c’est une colonisation de peuplement. Dire apartheid, c’est ne pas remettre en cause la présence même de cette entité sur la terre de Palestine que les colons ont envahie dans le feu et le sang, en expulsant la moitié de sa population, les 5 millions de réfugiés et plus qui veulent retourner dans leur pays. Dire apartheid, c’est réclamer une égalité pour tous (colons et Palestiniens) dans le cadre de l’entité coloniale. Or, bien qu’impossible à cause de la nature de cette entité, dénoncer l’apartheid et non l’occupation et l’invasion coloniale va dans le sens de masquer la vraie nature du conflit entre la nation arabo-islamique et l’entité sioniste, pour son unité et son indépendance réelle.
Fadwa Nassar
Dimanche, 19 mars 2017