Israël en passe d'examiner à nouveau une loi pour les colons

Colonie juive de Maale Adumim à l'est de Jérusalem, le 3 février 2017 (Afp)

Le Parlement israélien devait examiner à nouveau lundi une loi permettant à Israël de s'approprier des centaines d'hectares de terres palestiniennes en Cisjordanie occupée, malgré un appel de la présidence Trump à la retenue.
La tenue du débat sur de ce texte controversé, déjà approuvé en première lecture en décembre, était cependant incertaine jusqu'à la dernière minute, le Premier ministre Benjamin Netanyahu ayant dit selon la presse sa volonté de se coordonner sur le sujet avec le président Donald Trump.
Si elle est adoptée en deuxième et troisième lectures, comme cela paraît probable, la proposition reviendra à légaliser au regard du droit israélien le vol de terres palestiniennes, disent ses détracteurs.
Elle constituera un pas de plus vers une annexion au moins partielle de la Cisjordanie, que réclament ouvertement des ministres comme Naftali Bennett (Education), chef de file du parti Foyer juif et ardent avocat des colons, disent-ils.
Ceux qui défendent le texte disent qu'il permettra aux colons de ne plus craindre d'être chassés parce que la justice israélienne, saisie par des organisations de gauche, jugerait que leurs maisons ont été construites illicitement sur des terres privées palestiniennes.
C'est ce qui est arrivé la semaine passée aux 200 à 300 habitants de la colonie d'Amona, déclarée illégale par la Cour suprême israélienne.
Toutes les colonies sont illégales selon le droit international. Israël, au contraire, légitime la colonisation, et distingue entre les implantations en territoire occupé que ses autorités ont validées, et les autres, dites sauvages, comme Amona.
Le sort d'Amona, véritable psychodrame israélien, a directement inspiré la loi en débat, pour que de telles évictions ne se reproduisent plus. Les défenseurs du texte invoquent le droit à construire sur des terres faisant partie selon eux de l'Israël biblique et le refus des Palestiniens de faire la paix.
La loi permettrait de déclarer terres israéliennes des terrains privés palestiniens sur lesquels des Israéliens ont construit sans autorisation, soit parce qu'ils ignoraient qu'ils étaient propriétés privées, soit parce que l'Etat les aurait laissés faire. Les propriétaires palestiniens seraient compensés financièrement ou par d'autres terrains.
La loi signifierait la "légalisation" de plus de 3.800 logements israéliens, que ce soit dans des colonies "sauvages" ou des colonies reconnues, dit l'organisation israélienne anticolonisation la Paix maintenant. Elle "légaliserait" 53 colonies "sauvages". Au minimum, plus de 800 hectares de terres palestiniennes seraient expropriées.
"Si elle est adoptée, la loi fera des citoyens israéliens des voleurs et constituera une tache dans les livres de loi d'Israël", dit la Paix maintenant.
La communauté internationale s'alarme également. Le coordinateur spécial de l'ONU pour la paix, Nikolay Mladenov, s'est dit "inquiet" que le texte ne "réduise grandement les perspectives de paix", aujourd'hui insaisissable.
En décembre, le département d'Etat américain s'était dit préoccupé devant une "avancée spectaculaire de l'entreprise de colonisation, qui menace déjà considérablement les perspectives d'une solution à deux Etats".
Depuis, Israël a vu s'installer à la Maison Blanche un locataire présumé bien plus favorable et s'est engouffré dans cet espace, procédant à cinq annonces de colonisation portant sur plus de 6.000 logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées.
L'administration Trump a fini par sortir de son silence jeudi soir pour freiner les ardeurs israéliennes et dire que la colonisation "pourrait ne pas aider à atteindre (l')objectif" de la paix.
Dimanche, M. Netanyahu a tenté de faire repousser l'examen de la loi, le temps de se coordonner avec le président Donald Trump, qu'il verra le 15 février, a rapporté la presse.
Mais M. Bennett et le Foyer juif ont été inflexibles. L'un des plus fervents partisans des colons au Foyer juif, Bezalel Smotrich, a prévenu que, si le texte n'était pas soumis au vote, il se considérerait "comme libre de toutes (ses) obligations de membre de la coalition".
Depuis des semaines, la coalition gouvernementale est soumise aux tensions causées par le lobby de la colonisation. Pourtant l'entrée en vigueur de la loi est tout sauf acquise. Adalah, ONG défendant les droits des Palestiniens, a fait savoir qu'elle saisirait la Cour suprême israélienne.
Le procureur général israélien Avichai Mandelblit a lui-même prévenu le gouvernement dont il est le conseiller juridique que la loi risquait d'être rejetée comme anticonstitutionnelle et qu'elle exposait Israël à des poursuites internationales pour crimes de guerre.

(06-02-2017 - Afp)

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