« Sois fort Israël, le 20 janvier arrive très vite ! » C'est le tweet de soutien, comme toujours un peu provocateur, que Donald Trump a envoyé au lendemain de ce que le gouvernement israélien considère comme les deux coups de poignard des derniers feux de la présidence Obama.
Le premier, le 23 décembre, avec pour la première fois depuis 1979 l'abstention des États-Unis sur une résolution de l'ONU condamnant la politique d'implantation de nouvelles colonies juives dans des territoires revendiqués par la Palestine. Ce qui a permis à la résolution d'être adoptée.
Le second avec le réquisitoire-testament de John Kerry. Dans un discours-fleuve prononcé le 28 décembre, le secrétaire d'État américain a mis Israël en garde contre le danger de l'abandon de la solution des deux États, palestinien et israélien, seule possibilité, selon lui et la quasi-totalité de la communauté internationale de sortir de ce conflit de près de 70 ans.
Or, l'arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, le 20 janvier, risque, si l'on en croit ses engagements de campagne, de changer considérablement la politique américaine à l'égard d'Israël. Et d'abord de manière symbolique, puisque le nouveau président a promis de déménager l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Bill Clinton et George Bush s'y étaient engagés eux aussi, mais y avaient renoncé pour ne pas compromettre le statut futur de la ville sainte le jour où un compromis de paix finirait par être trouvé.
Mais Trump, lui, va s'y tenir. Son équipe aurait déjà pris une option sur un ou deux bâtiments à Jérusalem pour que l'affaire soit rondement menée, dès son investiture. Il a également prévu de s'opposer à tout projet à l'ONU, « ce club de fumeur de cigares », qui risquerait de gêner son ami Netanyahu. Enfin, pour que nul n'ignore sa position à l'égard de la politique de colonisation israélienne, il a nommé David Friedman comme ambassadeur en Israël. Il ne pouvait trouver meilleur avocat de la politique d'expansion de l'État hébreu. Friedman est le principal donateur d'un mouvement qui a créé de nouvelles colonies. « La prochaine fois qu'il y aura une manifestation en faveur des colons, a dit un député israélien, on verra le nouvel ambassadeur des États-Unis défiler à leur tête. »
Netanyahu menacé par son extrême droite
« La résolution du 23 décembre est le champ du cygne d'un vieux monde hostile à Israël, a déclaré Benjamin Netanyahu. Mais, avec Trump, nous entrons dans une nouvelle ère qui arrivera plus vite qu'on ne le pense », s'est-il réjouit... Trop vite, peut-être. En effet, le Premier ministre israélien, s'il est en train de battre des records de longévité dans son pays – huit ans au pouvoir –, est de plus en plus menacé, non pas sur sa gauche, mais par l'extrême droite alliée aux partis religieux. Il avait aux États-Unis, avec Barack Obama, un partenaire qui, certes n'a pas fait grand-chose pour faire avancer le processus de paix, mais a maintenu l'attitude traditionnelle, de soutien critique, du plus grand allié d'Israël. Ce qui permettait à Netanyahu de tenir ses faucons à distance pour ne pas risquer de se couper des Américains. Cet argument-là va disparaître et donner de l'espoir à des extrémistes, comme le propre ministre de l'Éducation de Netanyahu, Naftali Bennett, qui déclare, sans vergogne, son hostilité à la création d'une Palestine indépendante « qui serait un nouvel État terroriste au cœur de la terre d'Israël ».
Or plus le gouvernement israélien glissera sur sa droite, plus il se retrouvera isolé dans le monde. D'abord aux États-Unis où, quelle que soit la politique de Trump, la communauté juive américaine, déjà mal à l'aise aujourd'hui, sera de plus en plus critique à l'égard des excès des faucons d'Israël. Tout comme le seront la plupart de ceux qui ont voté pour Hillary Clinton. C'est-à-dire une majorité d'Américains. Les mots terribles de John Kerry ne sont pas près de tomber dans l'oubli, lui qui a souligné « qu'Israël peut être un État juif ou démocratique, mais pas les deux ». Lui qui a évoqué – sans toutefois le nommer – le risque que court le pays : celui de la ségrégation. Un mot qui est un chiffon rouge pour tous les démocrates américains.
L'autre risque est évidemment celui d'un sursaut des pays arabes contre leurs voisins juifs. Et même si ces pays sont pour le moment trop occupés à régler leurs conflits religieux et territoriaux en Syrie, en Irak, au Yémen, on ne peut exclure une nouvelle flambée de violence des Palestiniens eux-mêmes, dont les espoirs sont chaque jour un peu plus reportés aux calendes du jusqu'au-boutisme israélien. Plus le temps passe, plus une nouvelle intifada pourrait faire courir un danger mortel à l'État hébreu. Car la démographie ne joue pas en sa faveur. Comme l'a encore fait remarquer John Kerry, « il y a maintenant autant de juifs que de Palestiniens entre le Jourdain et la Méditerranée ».
(30-12-2016 - Par Michel Colomès)
"Non au terrorisme d’État d’Israël" :
http://www.petitions24.net/non_au_terrorisme_de_letat_disrael
Deux adresses pour vous inscrire à "Assawra",
la liste de diffusion du Mouvement démocratique arabe:
1 - Assawra3-subscribe@yahoogroupes.fr
ou
2 - as-sawra+subscribe@googlegroups.com