Hamid, l'évadé... (12) (Fiction)

 

La journée avait été magnifiquement belle. Les soldats du poste de contrôle situé au portail du mur de l'autre côté duquel se trouvait l'oliveraie les avaient laissés passer sans encombre. C'était le cas pour de nombreuses autres familles venues des villages alentour. Certaines venaient aussi du camp à l'instar de celle de Youssef. Il régnait une joie de vivre et un enthousiasme inhabituelles. Des chants et des rires fusaient de partout. Les enfants couraient dans tous les sens, heureux de voir leurs parents heureux. Le travail avançait de bon train. Les branches des oliviers qui étaient secouées à l'aide de long bâtons en bambou laissaient tomber leurs précieux fruits que des mains alertes se dépêchaient de ramasser pour remplir des sacs en toile. La saison avait été bonne et la nature fut généreuse. La récolte sera conséquente et d'une excellente qualité. Les produits dérivés seront abondants. Plus tard, lors de l'élagage des arbres, ils pourront récupérer les branches mortes pour en faire des fagots pour leur feu de bois.
Doucement, le soleil déclinait, ses rayons perdaient en chaleur et sa lumière en intensité. Le travail touchait à sa fin. Bientôt, il ne restera plus rien à faire tomber des arbres ni à ramasser. Des dizaines de sacs remplis à ras bord devront être transportés à l'aide de brouettes conçues spécialement à cet effet. Une journée de travail et de bonheur bien méritée pour tous, petits et grands. Une journée qui marquera la conscience collective du groupe: "Ensemble, dans l'entraide et la solidarité, nous vaincrons."
Des coups de feu retentissent au loin et qui approchent à grande vitesse. Des torches enflammées s'abattent de tous les côtés. Certains oliviers commencent à brûler.
La panique s'empare des familles. Les femmes essaient vite de récupérer les enfants qui crient et qui pleurent.
Les hommes et les jeunes garçons, sur ordre de Youssef, forment trois groupes. Un premier, pour mettre à l'abri la récolte, un second pour empêcher que le feu ne prenne ou qu'il se répande, un troisième pour riposter aux colons assaillants.
Les femmes et les enfants ont réussi à atteindre le portail. Ils alertent les soldats qui ne bougent pas et refusent de les laisser passer de l'autre côté du mur.
Maryam prend la tête groupe et ordonne aux femmes d'avancer vers le poste de contrôle. A environ deux mètres des soldats, elle crie: "Tirez !"
Elle continue d'avancer et derrière elle, toutes les femmes et les enfants avancent.
Maryam répète à tue tête: "Tirez !" "Tirez"... tandis que le groupe avance. "Tirez, bande d'assassins", "Qu'attendez-vous, tirez sur des femmes et des enfants venus ramasser des olives.", "Tirez, usurpateurs des terres d'autrui". La voix de Maryam gagnait en puissance et en confiance. Elle se sentait investie d'un responsabilité envers ce groupe qui avançait sur ses pas. Elle avait en charge de les protéger mais en même temps, leur rendre leur dignité. Elle se devait de leur montrer qu'ils étaient en droit de protester, de se révolter et de résister contre l'occupation. Tout le groupe se mit à crier: "Assassins, assassins, assassins..."
Le portail a été atteint et franchi sans qu'aucun coup de feu ne retentisse.

Roland RICHA
Dimanche, 17 octobre 2021

(à suivre...)

Fiction. Toute ressemblance avec une quelconque réalité est fortuite.

Hamid, l'évadé (11)... (Fiction)
https://assawra.blogspot.com/2021/10/hamid-levade-11-fiction.html

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